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Greffes d'utérus : feu vert pour le début des essais au CHU de Limoges

L'ANSM a autorisé le CHU de Limoges à réaliser une étude de faisabilité de greffe d'utérus.
L'essai devrait inclure 8 femmes volontaires, âgées entre 25 et 35 ans, nées sans utérus ou ayant subi une hystérectomie pour une pathologie bénigne, et n'ayant pas eu d'enfants. Les greffons seront prélevés sur des donneuses en état de mort encéphalique.

Selon les précisions apportées par CHU limousin et le Dr Tristan Gauthier, la première transplantation devrait pouvoir être réalisée fin 2016, après une période d'inclusion qui devrait débuter dès la fin de l'année 2015.

En menant cet essai pour permettre aux femmes sans utérus de porter un enfant, la France suit les pas de la Suède, seul pays à ce jour à avoir obtenu des naissances après greffe d'utérus.

Seule différence, mais notable : dans l'essai suédois, les prélèvements des greffons étaient réalisés chez des donneuses vivantes.
David Paitraud 26 novembre 2015 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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Les premières greffes d'utérus en France devraient être effectuées à Limoges fin 2016 (illustration).

Les premières greffes d'utérus en France devraient être effectuées à Limoges fin 2016 (illustration).


Le 5 novembre, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a autorisé le CHU de Limoges à mener un essai clinique sur la greffe d'utérus.

Les résultats encourageants de l'expérience suédoise : déjà 4 naissances obtenues après 9 greffes
L'équipe limousine travaille sur ce projet depuis 2007 et s'appuie sur l'expérience suédoise (voir notre article du 13 janvier 2014). "La Suède est le premier pays à avoir réalisé des greffes d'utérus, à partir de donneuses vivantes. Les résultats sont excellents. A l'heure actuelle, 4 naissances ont été obtenues et une cinquième est en cours", indique le Docteur Tristan Gauthier, dans une interview diffusée le 9 novembre 2015 sur France 3 Limousin. Le Dr Gauthier est le gynécologue obstétricien qui porte cet essai avec ses confrères les docteurs Pascal Piver (centre de médecine de la reproduction) et Yves Aubard (responsable du service de gynécologie-obstétrique). 

Profil des participantes à l'essai français
"Il s'agit d'une étude de faisabilité réalisée sur un petit nombre de patientes", explique le Dr Tristan Gauthier. Concrètement, l'essai doit porter sur 8 femmes volontaires et en bonne santé, recrutées au niveau national, répondant aux critères suivants : 
  • âgées de 25 à 35 ans,
  • nées sans utérus,
  • ou ayant subi une hystérectomie pour une pathologie bénigne, 
  • et n'ayant jamais eu d'enfants.

Les femmes ayant subi une ablation de l'utérus suite à un cancer précoce ont été écartées de cet essai, en raison du risque potentiel de récidive de cancer lié aux traitements immunosuppresseurs. Il en est de même pour les femmes dont l'ablation de l'utérus a été consécutif à une hémorragie post-partum.

Profil des donneuses : le choix français porte sur des femmes en état de mort cérébrale
Contrairement à ce qui a été pratiqué en Suède, l'essai français sera réalisé à partir de greffons issus de personnes décédées, plus précisément en état de mort encéphalique.

Pour le Docteur Gauthier, ce choix est justifié par un rapport bénéfice/risque insuffisant pour la donneuse vivante : "Au stade d'étude de la faisabilité, il nous paraissait plus légitime de débuter avec des donneuses en état de mort cérébrale afin d'éviter tout risque chez la donneuse. En effet, le prélèvement de l'utérus est assez complexe sur le plan chirurgical et non dénué de risques". En outre, ces risques sont à rapporter au fait que l'utérus n'est pas un organe vital, et que les chances de grossesses et de naissance ne sont pas de 100 %. 

Des naissances prévues pour 2018
Le calendrier actuel prévoit que le recrutement des patientes en vue de la transplantation démarre dès la fin de l'année 2015. Les premières greffes pourrait avoir lieu fin 2016

Le transfert d'embryons en vue d'une grossesse constitue la seconde étape de l'essai. Il ne devrait intervenir qu'en 2017, après une période de surveillance du greffon d'environ 12 mois. Ce délai doit permettre de conclure à la stabilité du greffon.

En conséquence, les premières naissances ne sont attendues que pour 2018.

Le syndrome MRKH, cause relativement rare d'absence congénitale d'utérus
La greffe d'un utérus fonctionnel s'adresse en particulier aux femmes qui naissent sans utérus, et qui par conséquent ne peuvent pas porter d'enfant. 

L'absence congénitale, totale ou partielle, de l'utérus, appelée Syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH), affecterait au moins 1 femme sur 4 500 (source : Orphanet).

Pour ces femmes, la greffe de l'utérus serait un alternative à l'adoption ou à la Gestation pour autrui (GPA, ou "mères porteuses"), qui constituent actuellement leurs seuls recours pour avoir un enfant.

Pour aller plus loin
Le projet de recherche clinique sur la transplantation d'utérus du CHU Limoges a été accepté (9 novembre 2015)
Greffe d'utérus à Limoges : interview du Dr Tristan Gauthier, France 3 Limousin, 9 novembre 2015
Syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (Orphanet, mars 2007)

Sur Vidal.fr
Recherche : une équipe suédoise réussit neuf greffes d'utérus… avant d'éventuelles grossesses ? (13 janvier 2014)

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