#Santé publique #Recommandations

Echec de la stratégie vaccinale contre le méningocoque C : nouvelles recommandations du HCSP

Six années après la mise en place d'une stratégie vaccinale contre les infections invasives à méningocoque de sérogroupe C, le HCSP (Haut Conseil de Santé publique) constate que la couverture vaccinale de la population française reste insuffisante pour installer une immunité de groupe.

Face à ce constat, le HCSP publie un nouvel avis où il recommande :
  • la mise en place d'une campagne nationale active pour expliquer la stratégie de vaccination ;
  • de maintenir les recommandations vaccinales en vigueur consistant en un schéma de vaccination à 1 dose unique de vaccin pour tous les sujets de 1 an à 24 ans ;
  • de profiter de toutes les occasions pour mettre à jour le calendrier vaccinal (rendez-vous vaccinaux à 6 ans, 11-13 ans, demande de certificats médicaux) ;
  • de développer de façon transitoire une protection individuelle chez les nourrissons de moins de 1 an au moyen du vaccin MenC-TT (NEISVAC), selon un schéma à 1 dose à 5 mois et un rappel à l'âge de 12 mois.
02 février 2017 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
1
2
3
4
5
(aucun avis, cliquez pour noter)
Publicité
L'incidence des infections invasives à méningocoque C la plus élevée concerne les nourrissons de moins de 1 an (illustration).

L'incidence des infections invasives à méningocoque C la plus élevée concerne les nourrissons de moins de 1 an (illustration).


Une stratégie vaccinale qui visait l'immunité de groupe
Depuis 2010, la stratégie vaccinale contre les infections invasives méningococciques (IIM) de sérogroupe C (Cf. Recommandations vaccinales 2016) consiste en France : 
  • à vacciner tous les nourrissons à l'âge de 12 mois avec une seule dose de vaccin méningococcique C conjugué (co-administration possible avec la vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole) ;
  • à étendre la vaccination systématique aux sujets âgés de 2 ans jusqu'à l'âge de 24 ans révolus, selon un schéma à 1 dose. 

Cette stratégie avait pour objectif l'obtention d'une immunité de groupe suffisante pour protéger indirectement les jeunes nourrissons âgés de moins de 1 ans non ciblés par cette stratégie mais pour lesquels l'incidence des IIM de sérogroupe C est la plus élevée. 

Elle présentait les avantages :
  • d'un rapport coût-efficacité acceptable à la différence de celle ciblant les petits nourrissons nécessitant un nombre plus élevé de doses (2 doses de primovaccination + 1 dose de rappel pour la vaccination débutée avant 1an) ;
  • de réduire le schéma vaccinal déjà lourd chez le jeune nourrisson.

Une couverture vaccinale insuffisante 6 ans après
Six ans après la mise en place de cette stratégie, la couverture vaccinale (CV) estimée par l'échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB) du Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (SNIIRAM) a progressé dans tous les groupes d'âge mais les tranches d'âges plus âgées, pleinement concernées par la stratégie, gardent à ce jour des taux de couverture très insuffisants (Cf. Tableau I) pour protéger les jeunes nourrissons âgés de moins de 1 an.

Tableau I - Estimation de la couverture vaccinale méningococcique C conjuguée en France : données de remboursements par groupe d'âge (source : Échantillon généraliste des bénéficiaires) [Extrait de l'Avis du CHMP du 9 décembre 2016, mis en ligne le 27 janvier 2017). 
Age 24 mois 3-9 ans 10-14 ans 15-19 ans 20-24 ans
Au 31/12/2011 48,0% 29,2% 14,9% 8,6% 1,7%
Au 31/12/2012 54,1% 36,8% 20,6% 13,3% 2,8%
Au 31/12/2013 56,4% 46,2% 24,8% 17,0% 4,0%
Au 31/12/2014 64,0% 53,6% 28,7% 20,5% 5,4%
Au 31/12/2015 69,8% 59,8% 31,9% 23,0% 6,6%

Ces niveaux insuffisants de couverture vaccinale sont à l'origine d'un nombre importants de cas d'IIM C qui auraient pu être évités par la vaccination, en particulier dans la tranche d'âge des nourrissons âgés de moins de 1 an.
"Si une légère baisse d'incidence a été observée en 2015, on dénombre tout de même pendant ces six années de surveillance 77 cas d'IIM C chez le nourrisson de moins de 1 an, dont 28 cas de purpura fulminans (36 %) et 8 cas de décès (10,4 %)".

A l'inverse, des exemples européens réussis
Le HCSP détaille les bons résultats obtenus dans d'autres pays européens comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas
La stratégie vaccinale mise en place outre-manche dès 1999 a permis d'obtenir des couvertures vaccinales très élevées sur l'ensemble des groupes d'âge de 2 mois à 18 ans, au bout de seulement une année.
Quinze ans plus tard, le nombre de cas d'IIM C en Angleterre demeure très faible et l'installation d'une immunité de groupe solide a permis de réduire les schémas vaccinaux notamment chez le jeune nourrisson.


Les nouvelles recommandations du HCSP
Saisi par la DGS (Direction Générale de la santé) en mars 2016, le HCSP (Haut Conseil de Santé publique) a émis un nouvel 
avis en décembre dernier (publié le 27 janvier 2016) relatif à la vaccination méningococcique C.
 
  • Maintenir la stratégie actuelle
Le HCSP recommande de maintenir les recommandations vaccinales en vigueur, à savoir un schéma de vaccination à 1 dose unique de vaccin pour tous les sujets de 1 an à 24 ans, en insistant sur l'importance du rattrapage chez les adolescents (11-13 ans) et les jeunes adultes (14-24 ans)
"Ces tranches d'âge sont à risque élevé de survenue d'une IIM C sur le plan individuel", rappelle le HCSP. En outre, elle intervient largement dans la transmission interhumaine des méningocoques invasifs.

 
  • Accompagner la stratégie vaccinale par une campagne nationale active
Pour le HCSP, l'échec en termes de couverture vaccinale est en partie lié à un défaut de communication par les autorités de santé françaises : "il a manqué une campagne de communication institutionnelle pour expliquer la stratégie de vaccination".
Il souligne qu'au Royaume-Uni, "le succès est associé à une véritable campagne de vaccination pilotée par les autorités de santé anglaises".

Le HCSP prône une campagne nationale active de vaccination de rattrapage et insiste sur l'importance de profiter de toutes les occasions pour mettre à jour le calendrier vaccinal (rendez-vous vaccinaux à 6 ans, 11-13 ans, demande de certificats médicaux).

 
  • Vacciner les nourrissons dès la 1re année de vie 
Pour pallier l'échec de l'immunité de groupe, le HCSP recommande de développer une protection individuelle incluant les nourrissons de moins de 1 ans.

En pratique, il recommande, de façon transitoire, la vaccination des nourrissons dès la première année de vie :

- selon un schéma à 1 seule dose de primovaccination à 5 mois
- avec le vaccin MenCC-TT (NEISVAC) [Cf. Encadré 1]
- suivi d'un rappel à l'âge de 12 mois.
 
Encadré 1 - Pourquoi le vaccin NEISVAC pour la primovaccination à 5 mois ?
La France dispose de 2 vaccins méningococciques C conjugués monovalents :
  • MENJUGATE, conjugué à la protéine CRM 197 de la toxine de Corynebacterium diphteriae (vaccin MenC-CRM) ;
  • NEISVAC, conjugué à la protéine de la toxine tétanique (vaccin MenC-TT).

En 2015, l'indication du vaccin NEISVAC a été modifiée pour permettre son utilisation selon un schéma de primovaccination à une seule dose chez le jeune nourrisson à partir de l'âge de 4 mois suivie d'un rappel à 12 mois

Le HCSP s'appuie sur les résultats d'une étude de comparaison entre les vaccins MenC-TT et MenC-CRM (Pace D et coll. BMJ 2015) selon lesquels "les taux de séroprotection et les moyennes géométriques des titres bactéricides résiduels mesurés plus tardivement, à l'âge de 24 moissont plus élevés après un schéma à 1 dose avec le vaccin MenC-TT par comparaison avec les schémas à 1 et 2 doses avec le vaccin MenC-CRM".
 
  • Pour les sujets à risque élevé d'IIM : rappel tous les 5 ans
Enfin, le HCSP recommande qu'une vaccination de rappel tétravalente ACWY conjuguée soit effectuée tous les cinq ans chez les sujets à risque élevé et durable d'IIM tels qu'ils ont été définis dans ses avis antérieurs :
- les personnes porteuses d'un déficit en fraction terminale du complément ou qui reçoivent un traitement anti C5, notamment les personnes qui reçoivent un traitement par eculizumab (SOLIRIS),
- celles qui sont porteuses d'un déficit en properdine,
- celles qui ont une asplénie anatomique ou fonctionnelle,
- les sujets ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques.

Pour aller plus loin
Communiqué - Vaccination antiméningococcique C (HCSP, 27 janvier 2017)

Avis relatif à la vaccination antiméningococcique C (HCSP, 9 décembre 2016, mis en ligne le 27 janvier 2017)
Pace D, Khatami A, McKenna J, et al. Immunogenicity of reduced dose priming schedules of serogroup C meningococcal conjugate vaccine followed by booster at 12 months in infants: open label randomised controlled trial. BMJ 2015 ; 350 : h1554

Commentaires

Ajouter un commentaire
En cliquant sur "Ajouter un commentaire", vous confirmez être âgé(e) d'au moins 16 ans et avoir lu et accepté les règles et conditions d'utilisation de l'espace participatif "Commentaires" . Nous vous invitons à signaler tout effet indésirable susceptible d'être dû à un médicament en le déclarant en ligne.
Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !
Publicité
Dans la même rubrique
Publicité
Presse - CGU - Données personnelles - Politique cookies - Mentions légales - Contact webmaster