Mise à jour : 16 septembre 2019
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La recherche d'aliments capables de protéger des cancers remonte à la fin des années 1970. En étudiant la fréquence de certains cancers, on a constaté de fortes disparités entre les pays, d'où l'hypothèse d'un rôle des habitudes alimentaires. Malheureusement, la quête d'aliments miracles a suscité plus de questions que de réponses et le rôle de l'alimentation dans la prévention du cancer reste encore assez obscur.

Les observations à l'échelle globale

En étudiant l’influence de l’alimentation sur l’apparition des cancers, on a d’abord constaté que, selon le pays, la région ou le groupe culturel, la fréquence des différents cancers variait fortement. Ainsi les Mormons, dont l’alimentation est riche en céréales, pauvre en viandes et dépourvue d’alcool et de caféine, sont significativement moins atteints de cancers du sein ou du côlon que le reste des Nord-Américains.

De nombreuses études épidémiologiques ont suivi, qui ont semblé indiquer un rôle de l’alimentation, en particulier dans la survenue du cancer du sein (lié à une alimentation riche en graisses) et de celui du côlon (lié à un apport insuffisant en fibres). Néanmoins, les habitudes alimentaires étant souvent le reflet d’une hygiène de vie plus globale, il était nécessaire de distinguer le rôle des aliments de celui des autres facteurs potentiels tels que l’activité physique, l’usage du tabac ou la qualité de l’environnement, etc.

Les études comparatives

À partir des observations épidémiologiques, des études comparatives furent mises en place au cours desquelles un nombre important de personnes a été suivi sur plusieurs années. Leurs habitudes alimentaires et les cas de cancers étaient systématiquement enregistrés afin de comparer la fréquence de cette maladie entre des groupes de personnes définis par leur alimentation (riche en fibres, pauvre en matières grasses, par exemple).

Parallèlement, un travail de laboratoire fut mené sur des cultures de cellules ou sur des animaux pour essayer d’isoler, à partir des aliments, des substances qui préviendraient le cancer. Ces recherches ont permis d’identifier un nombre considérable de molécules potentiellement protectrices : par exemple les vitamines C et E, les caroténoïdes ou les isothiocyanates (présents en grande quantité dans les choux et le cresson). Certaines études ont alors mesuré les effets d’une alimentation enrichie en telle ou telle de ces substances.

Des incertitudes qui persistent

Malheureusement, ces études ont donné des résultats discordants et soulèvent davantage de questions que de réponses. Par exemple, il semble désormais établi qu’une alimentation riche en graisses ne favorise pas directement l’apparition du cancer du sein. En revanche, l’excès de poids est un facteur de risque pour ce cancer après la ménopause, et une alimentation riche en matières grasses contribue à cet excès. Le surpoids est également identifié comme un facteur favorisant de nombreux autres types de cancer : œsophage, pancréas, côlon, utérus, rein, etc.

De la même manière, l’effet des fibres alimentaires sur la survenue de cancer du côlon reste probable mais incertain. Si une vaste étude européenne a montré qu’un apport quotidien de 35 g de fibres (équivalent à sept fruits ou légumes, ou à six tranches de pain complet) réduisait de 40 % le risque de développer ce type de cancer, plusieurs études américaines n’ont pas révélé d’effet majeur. Néanmoins, le rapport publié en 2007 par le Fonds mondial de recherche contre le cancer considère comme probable l’effet protecteur des fruits, des légumes et des autres aliments riches en fibres, vis-à-vis des cancers du tube digestif. De la même manière, il semble que les produits laitiers et le calcium aient un effet similaire sur les cancers du côlon et du rectum (mais augmenteraient le risque de cancer de la prostate).

Le rapport du Fonds mondial cite également un effet protecteur probable des aliments riches en sélénium et en lycopène (un pigment caroténoïde présent en grande quantité dans les tomates) vis-à-vis du cancer de la prostate.

Les études portant sur les vitamines C et E et sur le bêta-carotène n’ont pas confirmé leur rôle dans la prévention du cancer du côlon. Une étude finlandaise a même montré un risque augmenté de cancer du poumon chez des fumeurs recevant des compléments de bêta-carotène. L’étude Suvimax a montré une augmentation du risque de cancer de la peau chez les femmes prenant du bêta-carotène.

Les pistes de recherche

Aujourd’hui, d’autres études de ce type sont en cours : par exemple, on étudie les éventuels effets d’une alimentation pauvre en matières grasses et riche en fruits, légumes et céréales sur les cancers féminins. Les chercheurs s’orientent davantage sur le rôle des quantités de nourriture ingérées et des déséquilibres alimentaires, plutôt que sur les effets protecteurs de tel ou tel aliment.

La recherche de substances capables de lutter contre les cancers déjà existants continue. Les isothiocyanates des choux et les curcuminoïdes (extraits du curcuma, une épice qui donne sa couleur jaune au curry) font l’objet de nombreuses études afin de mieux comprendre leurs mécanismes d’action et leur usage potentiel.

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