#Santé publique

Dr Michel Chassang (CSMF, UNAPL) : "La régulation actuelle de la démographie médicale est trop grossière"

Les déserts médicaux sont une préoccupation grandissante en France, malgré une succession de mesures incitatives. 

Le Dr Michel Chassang, médecin généraliste, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et de l'Union nationale des professions libérales (UNAPL), nous donne ses pistes pour une meilleure régulation de la démographie médicale.  

L'ensemble des vidéos issues de notre entretien avec Michel Chassang est regroupé sur cette page de Vidal.fr
13 décembre 2013 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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VIDAL : Pensez-vous que le numerus clausus est un bon outil de régulation de la démographie médicale ?
Dr Michel Chassang : D'abord, c'est surtout un outil qui nous permet de réguler les flux à horizon 10-12 ans : c'est trop grossier, parce que vous ne savez pas, au moment où vous sélectionnez les futurs médecins avec la première année de médecine, ce qu'ils vont faire : est-ce qu'ils vont être généralistes ? Spécialistes ? Quelle spécialité ? Dans quelle région vont-ils exercer ? Est-ce qu'ils vont exercer tout court, puisqu'un grand nombre d'entre eux n'exercent pas ? Il est donc très difficile de réguler la démographie médicale avec le numerus clausus, d'autant plus que nous savons qu'il est contourné.

VIDAL : De quelle manière le numerus clausus est-il contourné ?
Dr Michel Chassang : Il est contourné de deux façons : d'une part, par des jeunes qui montent à l'étranger pour finir leurs études et qui reviennent sur le sol français avec un diplôme européen valable dans toute la communauté européenne. D'autre part, par un certain nombre de praticiens qui sont formés à l'étranger et qui viennent s'installer sur le sol français. De plus, il y a l'"effet Pessoa", du nom de cette université portugaise qui vient de s'installer sur le sol français, à Toulon et à Béziers. Cette université dispense des diplômes portugais qui sont valables en France et dans toute la communauté européenne.

VIDAL : Comment améliorer la régulation de la démographie faite par le numerus clausus ? 
Dr Michel Chassang : Il faut trouver des moyens européens qui permettent de réguler le numerus clausus pour le rendre performant et actif, puisqu'aujourd'hui il est poreux. Il faut doubler cette régulation à l'entrée des études médicales par une autre régulation, au moment de l'internat (NDLR : Examen Classant National), à l'entrée dans la spécialité. C'est là qu'il faut réguler.

VIDAL : Quelles formes pourraient prendre cette régulation au moment de l'Examen Classant National ?
Dr Michel Chassang : Il faut réguler de deux façons : d'une part au niveau régional en donnant priorité aux facultés qui sont qualifiées de déficitaires, d'autre part en renforçant les effectifs des spécialités déficitaires. Or nous faisons tout le contraire. Tout le monde sait qu'il y a une faculté de médecine à Paris qui est excédentaire et qu'il faudrait supprimer, personne n'ose le faire. Tout le monde sait très bien qu'il faudrait augmenter certains effectifs, par exemple en ophtalmologie parce que les délais de rendez-vous sont très élevés, mais personne n'apporte de solution pour former le double ou le triple d'ophtalmologistes dans ce pays.

VIDAL : Quels sont les autres facteurs dont il faut tenir compte pour mieux réguler la démographie médicale ?
Dr Michel Chassang : Il faut savoir, en matière de démographie, de quoi on parle. Résumer exclusivement la démographie à la densité médicale (nombre de médecins par rapport à la population) est un non sens. Il faut également tenir compte des bassins de vie, des habitudes de consommation des gens. Certains ont par exemple l'habitude de consulter leur médecin sur leur lieu de travail, et non sur leur lieu de résidence : cela change considérablement les choses. Il faut aussi tenir compte de la structure de la population : est-ce que c'est une population jeune ? Plus âgée ? Précaire ? Aisée ? Tous ces facteurs là font qu'on ne parle plus désormais de densité médicale mais on parle d'accessibilité potentielle localisée. C'est avec des outils de ce type que l'on aura une approche beaucoup plus fine de la démographie médicale.

VIDAL : Et du côté des "nouveaux" médecins ?
Dr Michel Chassang : Il y a la féminisation, il y a l'aspiration à un mode vie totalement différent de nos jeunes, dont il faut tenir compte. L'effet 35 heures a dépassé largement le cadre des salariés, il est aujourd'hui présent dans la gestion de nos cabinets.

Propos recueillis le 19 novembre 2013 par Jean-Philippe Rivière au siège de la CSMF
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