#Santé publique

Prise en charge d’Alzheimer : "le reste-à-charge est trop élevé" Dr Christophe Trivalle, gériatre

Coûts d’hébergement, franchises médicales, baisse des remboursements… : le reste-à-charge financier est trop élevé pour les patients atteints d’Alzheimer, souligne le Dr Christophe Trivalle, gériatre à l’Hôpital Paul Brousse (Villejuif, APHP). Il nous explique aussi à quel point le maintien à domicile des personnes très âgées peut être complexe, même s’il est souhaité par la plupart d’entre elles. 

Vous pouvez visualiser les 5 autres vidéos issues de cette interview en cliquant ici.



Le Dr Trivalle est notamment l’auteur de "Vieux et malade : la double peine !", paru en 2010, et de l’abrégé Masson "Gérontologie préventive : Eléments de prévention du vieillissement pathologique", paru en 2009. 

Le site du Dr Trivalle : http://gerontoprevention.free.fr
16 mai 2014 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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VIDAL : Quel est l'impact financier de la prise en charge thérapeutique des personnes atteintes d'Alzheimer ?
Dr Christophe Trivalle : Pour l'infirmière, l'orthophonie, les cliniques spécialisées Alzheimer c'est une la kinésithérapie, c'est sur ordonnance, et tout ce qui est sur ordonnance, cela n'a pas de coût direct pour le patient et sa famille, donc ça c'est plutôt bien. Après, c'est tout le reste qui a des coûts indirects, c'est quand il reste un forfait à payer. Au niveau des institutions, que ce soit en EHPAD (établissement d'hébergement des personnes âgées dépendantes) ou en SLD (soins de longue durée), c'est le coût du forfait hébergement qui est le principal problème et globalement dans tout cela, c'est le reste-à-charge.

Le reste-à-charge est trop élevé et il a tendance à augmenter avec toutes les différentes mesures de taxes sur les médicaments, les remboursements sont moins importants, toutes ces mesures-là font que finalement le reste-à-charge augmente alors que la politique idéale, ce serait probablement, d'un point de vue social, plutôt d'essayer de diminuer le plus possible le reste-à-charge sachant évidemment que cela a un coût. Cela veut peut-être dire qu'il faut augmenter les impôts ou d'autres choses mais après, il faut que le message soit clair, soit on prend en charge correctement, soit on ne prend pas en charge correctement.
 

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VIDAL : Comment concilier le coût quotidien de l'hébergement en EHPAD avec le montant des retraites ?
Dr Christophe Trivalle : Pour les EHPAD, en région parisienne le forfait se situe quand même autour de 2 500 € par mois d'hébergement. Or la retraite moyenne en France est autour de 1200, 1 400 € : les gens ont une retraite qui est largement inférieure à ce qu'ils doivent payer pour aller en maison de retraite. Globalement, 80 % des gens qui sont en maison de retraite n'ont pas les moyens de payer, donc cela retombe soit sur les enfants avec l'obligation alimentaire, soit cela passe par l'aide sociale. Cela peut signifier qu'un bien va être hypothéqué et être récupéré au décès.

Mais souvent, il y a des parents âgés qui ont leur maison qu'ils ont payée, construite eux-mêmes et qu'ils veulent garder pour pouvoir donner à leurs enfants et pour eux, il n'est pas question de s'en séparer pour payer la maison de retraite. Du coup, on se retrouve dans des situations où les gens restent à domicile dans des conditions épouvantables parce que justement, ils ne veulent pas hypothéquer leur maison.

VIDAL : Les "logements intermédiaires" pourraient-ils représenter une solution ?
Dr Christophe Trivalle : Les logements intermédiaires c'est une vision idéaliste des choses. En réalité, la personne âgée, qu'est-ce qu'elle veut ? C'est rester chez elle, tout le monde est d'accord là-dessus (NDLR : 90 % des personnes âgées souhaiteraient vieillir à domicile, selon un sondage Opinion Way, 2012), mais elle n'a pas non plus envie de passer dans un logement intermédiaire pour aller ensuite dans un autre logement, c'est un peu une loi du tout ou rien : ou elle arrive à rester chez elle, ou, du coup, elle se retrouve dans une autre structure. Globalement, il faut bien voir que les gens restent chez eux quand même le plus longtemps possible et quand ils vont en maison de retraite, c'est quand il n'y a plus rien d'autre à faire.

L'âge d'entrée moyen en maison de retraite est autour de 85 ans quand même, et il recule : les gens rentrent de plus en plus vieux et de plus en plus dépendants, c'est-à-dire que les malades qui rentrent en maison de retraite sont de plus en plus malades en fait et auraient besoin de plus en plus d'aides, puisque forcément on attend vraiment le dernier moment pour qu'ils y aillent ; Or ce n'est pas le cas, les ratios des personnels en maison de retraite sont probablement insuffisants.

VIDAL : Est-il possible de renforcer les possibilités d'aide à domicile ?
Dr Christophe Trivalle : Pour l'instant, il y a quand même beaucoup de choses qui sont faites sur les aides à domicile, mais souvent même ceux qui ont l'APA (allocation personnalisée d'autonomie) n'ont pas le plan d'aide complet parce que l'on ne trouve pas non plus le personnel et donc il y a un problème quand même, d'avoir des gens qui sont motivés, qui ont envie de le faire. Souvent, ce sont quand même des métiers sous-payés, effectués par des gens sous-qualifiés. Ces personnes, parfois, n'ont pas trouvé d'autre travail que de faire cela et n'ont pas l'empathie nécessaire pour le faire correctement. Il y a besoin que ce soient des métiers revalorisés, avec de bonnes formations et en nombre suffisant.

Le problème c'est qu'actuellement, la démographie avec le vieillissement de la population, il va y avoir encore énormément de départs à la retraite d'aides-soignantes, d'infirmières, de médecins, de toutes les catégories qui s'occupent des personnes âgées, donc on va avoir des gens plus âgés, plus dépendants et probablement à un moment, moins de personnes pour s'en occuper, ce qui va rendre difficile les possibilités de soutien à domicile.

VIDAL : Quels sont les autres facteurs qui peuvent favoriser le maintien à domicile ?
Dr Christophe Trivalle : Les gens qui arrivent à rester à la maison, c'est en général parce qu'ils ont un conjoint qui est l'aidant principal. Donc le rôle du médecin traitant va être aussi d'identifier les difficultés de ce conjoint, de cet aidant pour éviter qu'il s'épuise et pour lui proposer des solutions pour qu'il garde la forme. Le rôle du médecin traitant est très important et c'est souvent négligé parce qu'en fait, ces aidants ne vont pas voir le médecin pour eux-mêmes et finissent par tomber malades.  Donc, s'il y a un aidant, on peut rester à la maison avec des aides autour, ça arrive. S'il n'y a pas d'aidant déjà dès le départ, c'est quasiment impossible.

Propos recueillis le 19 mars à l'Hôpital Paul Brousse (Villejuif).

Pour aller plus loin :
Etablissement d'hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD), vosdroits.service-public.fr
Soins de longue durée (SLD), aphp.fr
Les personnes âgées veulent vieillir à domicile, lepoint.fr, 6 avril 2012
L'allocation personnalisée d'autonomie, vosdroits.service-public.fr
Sources

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