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Recherche en cancérologie : retour sur les principales annonces du congrès de l'ASCO (buzz santé de la semaine)

Cette semaine,  le web santé a relayé à de multiples reprises les principales études présentées lors de la cinquantième édition du congrès de l’American Society of Oncology (ASCO), qui s’est tenue du 30 mai au 4 juin 2014. 

Certaines représentent des avancées notables, que ce soit en termes d’espoirs thérapeutiques ou de gain d’efficacité par rapport aux prises en charge actuelles. Voici un résumé des avancées qui ont le plus suscité de réactions et d'espoirs, même s'il s'agit, pour l'instant, de recherche et non de modification des recommandations et indications officielles de certains de ces produits.  
05 juin 2014 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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Capture d'écran du site du congrès annuel de l'ASCO.

Capture d'écran du site du congrès annuel de l'ASCO.


Mélanome cutané : des résultats prometteurs avec l'immunothérapie 
Le mélanome cutané est le cancer de la peau le plus grave, en particulier s'il est détecté tardivement : "les mélanomes cutanés représentent la 14ème et 12ème cause de décès chez la femme et chez l'homme avec, respectivement, 720 et 900 décès estimés pour l'année 2011" en France, précise l'Institut de veille sanitaire. Plusieurs études présentées à l'ASCO et réalisées avec des anticorps monoclonaux (destinés à stimuler l'immunité pour lutter contre les cellules cancéreuses) donnent cependant un espoir d'optimisation de la survie.

Les résultats d'une vaste étude (951 patients, étude en double aveugle versus placebo) montrent ainsi qu'un traitement avec l'ipilimumab (YERVOY) diminue d'environ 25 % (OR=0.75 [0.64-0.90], p=0,0013) le risque de récidive du mélanome après son ablation chirurgicale (personnes diagnostiquées avec un mélanome à haut risque de récidive, de stade III). 

Un autre composé, le MK-3475, a été testé auprès de 411 patients atteints de mélanome non opérable et métastatique (étude non randomisée). Ce dernier a régressé chez 34 % des patients. Ce chiffre atteint 40 % chez les 221 patients préalablement non traités par de l'ipilimumab (IC 95% 32%-48%). Ce premier essai clinique va donc être suivi d'autres essais pour tenter de confirmer cet espoir.

Enfin, lors d'un essai clinique plus restreint, auprès de 53 patients seulement, atteints de mélanomes métastatiques, l'association de l'ipilimumab à un troisième anticorps monoclonal, le nivolumab, a montré une efficacité prometteuse, à confirmer sur des essais cliniques plus larges et randomisés : la tumeur a été réduite de plus de 80 % chez 42 % des patients, et la survie moyenne a été de 40 semaines (3 ans et demi).

Résumé de l'étude ipilimumab vs placebo (en anglais)
Résumé de l'étude avec le MK-3475 (en anglais)
Résumé de l'étude avec l'ipilimumab et le nivolumab (en anglais)
Articles en français

Cancer de la prostate métastatique hormono-dépendant : l'ajout précoce de docétaxel à l'hormonothérapie allonge nettement la survie
Dans cette étude randomisée,  sur 790 hommes atteints d'un cancer de la prostate avancé, avec métastases et hormono-dépendant, 397 ont reçu du docétaxel (TAXOTERE et génériques), en complément de l'hormonothérapie (anti-androgènes induisant une "castration chimique", comme le bicalutamide). Les autres participants n'étaient traités que par anti-androgènes.

Après 29 mois, "la survie globale médiane était de 57,6 mois dans le groupe anti-androgènes + docétaxel et de 44 mois dans le groupe anti-androgènes seuls" (p=0,0003). Une différence encore plus marquée a été constatée en cas de maladie très avancée, avec métastases viscérales ou osseuses (49,2 mois vs 32,2, p=0,0012). Par ailleurs, la reprise de la progression de la maladie a été plus tardive dans le groupe docétaxel (au bout de 32,7 mois, vs 19,8).

Les auteurs soulignent l'importance des différences constatées, importance qui pourrait inciter à recommander une utilisation plus précoce du docétaxel, sans attendre la résistance à la castration chimique.

Présentation de l'étude sur le site de l'ASCO (en anglais)
Résumé de l'étude (en anglais)
Autres articles

Cancer du sein avant la ménopause : l'ajout d'un analogue de la LHRH améliore la préservation de la fertilité
L'ajout de goséréline (analogue de l'hormone de libération de l'hormone lutéinisante, LHRH) pendant la chimiothérapie (cyclophosphamide) a fait l'objet d'une étude randomisée auprès de 218 patientes de moins de 50 ans atteintes d'un cancer du sein non hormono-dépendant, de stade I (tumeurs les moins agressives) à III (tumeurs les plus agressives). Résultat, la fertilité de ces femmes préménopausées a été davantage préservée chez les patientes ayant reçu de la goséréline (45 % vs 20 %, OR=0.29, 95% CI: 0.12-0.70, p=0,006).

Ces femmes sont également davantage tombées enceintes (22 dans le groupe gosériline vs 13 dans le groupe standard, OR=2.22, 95% CI: 1.00-4.92, p=0,05) et la survie a été améliorée.

Présentation de l'étude sur le site de l'ASCO (en anglais)
Résumé de l'étude (en anglais)
Autres articles

Sarcome des tissus mous : l'injection intra-tumorale de nanoparticules pourrait améliorer l'efficacité du traitement
Les sarcomes des tissus mous (tumeurs malignes situées au niveau de muscles, du tissu adipeux ou encore de vaisseaux) sont très rares mais souvent graves, en particulier s'ils sont découvert tardivement. Le traitement actuel repose sur la chirurgie, après radiothérapie pour réduire la taille de la tumeur. En fonction de la taille résiduelle de la tumeur, cette chirurgie peut s'avérer plus ou moins mutilante.

Dans une étude de phase I/II présentée à l'ASCO, des chercheurs français ont injecté, pour la première fois chez l'homme, une dose de nanoparticules d'oxyde d'hafnium (NBTXR3) à 15 patients, avant la radiothérapie. Cette injection de nanoparticules, élaborées pour tenter de démultiplier les effets de la radiothérapie, s'est faite directement dans les sarcomes.

La tolérance de cette injection, critère principal de cette étude, a été bonne, sans d'effets indésirables sérieux (effets indésirables mineurs chez certains patients, à type de douleurs, fièvre, grattements ou sensations de fourmillements). Le suivi (réalisation d'un scanner avant la chirurgie) a montré qu'une seule dose suffisait à maintenir la présence des nanoparticules pendant les 5 semaines de radiothérapie, sans fuite de nanoparticules dans les tissus avoisinants. Cette injection semble avoir permis une réduction plus importante du volume de la tumeur avant l'intervention chirurgicale.

Si ces résultats se confirment sur d'autres études plus amples, randomisées, réalisées avec ou sans injection de nanoparticules, cela permettrait de limiter les risques chirurgicaux, voire le risque de récidive, des sarcomes. Au-delà, cette technique paraît prometteuse pour les autres cancers pouvant bénéficier d'une radiothérapie pré-opératoire.  

Résumé de l'étude (en anglais)
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Cancer du sein avec mutation des gènes BRCA : l'ablation préventive des ovaires améliorerait la survie
Une autre étude sur le cancer du sein présentée à l'ASCO a évalué l'impact de l'ovariectomie sur la survie de 760 femmes atteintes d'un cancer du sein stade 1 ou II et porteuses d'une mutation du gène BRCA1 ou BRCA2. Parmi ces 760 femmes, suivies pendant 20 ans, 455 ont subi une ablation préventive des ovaires, avant ou après le diagnostic de cancer du sein.

Les résultats montrent que la survie des femmes qui avaient eu une ovariectomie était globalement améliorée (OR non ajusté= 0.62, 95% CI: 0.42 to 0.90; p = 0,01; OR ajusté = 0.66, 95% CI 0.42 – 1.02; p = 0,06), en particulier si elles avaient une mutation du gène BRCA1  (OR=0.59, 95% CI: 0.34 – 1.01; p = 0,05) et si leur cancer n'était pas hormonodépendant (OR=0.27, 95% CI: 0.11 to 0.67; p = 0,005).

Résumé de l'étude (en anglais)
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