Vaccins contre la coqueluche : une étude anglaise confirme l’intérêt du rappel à l’adolescence

Suivi de 279 enfants vaccinés et "tousseurs" consultant aux urgences
Cette étude de cohorte prospective a suivi 279 enfants de 5 à 15 ans, de novembre 2010 à décembre 2012, recrutés dans 22 centres généraux de la "Thames Valley" en Angleterre (Oxford, Buckingham, Berckshire, Milton Keynes), région relativement défavorisée sur le plan socio-économique. L'objectif de l'étude était de faire une estimation de la prévalence et de la sévérité clinique de la coqueluche chez les enfants déjà vaccinés se présentant aux urgences, en mettant en évidence une infection récente dans leurs sécrétions orales (résultat positif si les anticorps anti-toxine pertussique étaient supérieurs ou égal à 70 UI).  
 
Le critère d'inclusion était clinique : une toux persistante (2 à 8 semaines) comme motif de consultation aux urgences. Les critères d'exclusion de l'étude étaient une toux probablement liée à une autre maladie, les enfants immunodéprimés, la participation à une autre étude de recherche clinique ou un rappel du vaccin datant de  moins d'un an. Les auteurs ont également relevé les antécédents d'asthme, de rhinite allergique, la présence de tabagisme au domicile, les antécédents de vaccination et la durée de la toux. Un monitoring de la toux sur 24 heures pour 6 des enfants infectés par la bactérie responsable de la coqueluche (bordetella pertussis ou parapertussis) a complété le recueil de données.
 
Un enfant "tousseur" aux urgences sur 5 avait la coqueluche !
Sur les 279 enfants anglais consultant en urgence pour toux, 56, soit 20 %, présentaient une infection récente par la coqueluche (IC 0.16-0.25). Parmi ces 56 enfants infectés, 39 n'avaient pas reçu de rappel après l'âge de 6 ans (IC 0.13-0.24). Parmi les 6 enfants chez qui la fréquence de la toux a été suivie, 4 ont toussé plus de 400 fois en 24 heures. Le critère primaire d'évaluation (la toux persistante) a donc confirmé être un signe clinique pragmatique efficace pour détecter une suspicion d'infection par la coqueluche.
 
Trois fois plus de risque chez les adolescents n'ayant pas reçu de rappel récent
Le risque de coqueluche constaté par les auteurs était multiplié par 3 chez les enfants qui avaient reçu leur dernier rappel de vaccination il y a plus de 7 ans (20 enfants sur 171, soit 12%, IC 0.07-0.17) par rapport à ceux qui avaient eu un rappel plus récent (moins de 7 ans).
 
En conclusion, bénéfice confirmé du rappel du vaccin contre la coqueluche chez l'adolescent
Cette étude comprend des limites statistiques importantes, telles que l'absence d'ajustement possible sur l'asthme, les rhinites allergiques, la présence de fumée de tabac au domicile (effectifs trop faibles). Il serait également intéressant de comparer l'incidence en zone défavorisée, comme dans cette étude, à d'autres zones plus aisées.
 
Néanmoins, cette étude anglaise confirme la résurgence, relative, de la coqueluche dans certaines zones de l'Angleterre et montre, surtout, qu'un rappel de la vaccination chez l'adolescent diminue largement les risques.

Cette étude vient donc confirmer l'intérêt de santé publique du rappel vaccinal recommandé entre 11 et 13 ans par les autorités sanitaires françaises.

En savoir plus : 
- Note de synthèse concernant la position de l'OMS sur les vaccins anticoquelucheux, Mise à jour (fichier PDF), Genève, octobre 2010 
- Vaccination contre la coqueluche (fichier PDF), INPES, 2012
- Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2014, sante.gouv.fr, mai 2014
- Whooping cough in school age children presenting with persistent cough in UK primary care after introduction of the preschool pertussis booster vaccination: prospective cohort study, Kay Wang et coll., BMJ, 24 juin 2014