#Santé publique

Etudes sur la cigarette électronique : faible nocivité par rapport au tabac, résultats prometteurs dans le sevrage

La cigarette électronique n’est pas encore officiellement recommandée par les autorités sanitaires françaises pour la prise en charge du sevrage tabagique (voir notre article).

Néanmoins de plus en plus d’études, comme celles scrutées par une méta-analyse publiée le 31 juillet dans la revue Addiction,  confirment que ce dispositif paraît largement moins nocif que les cigarettes "traditionnelles" et qu’il semble aider à s’arrêter de fumer ou à diminuer sa consommation.

Les auteurs de cette analyse, tous experts du tabagisme et de ses conséquences, appellent les autorités à ne pas interdire la cigarette électronique et les professionnels de santé à la considérer d’ores et déjà comme une alternative intéressante au tabagisme, voire un outil de sevrage.
06 août 2014 Image d'une montre6 minutes icon Ajouter un commentaire
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Cigarette

Cigarette "classique" ou cigarette "électronique" (illustration) ?


Confirmation : des dangers moindres, voire minimes, par rapport à ceux du tabac
Cinq experts ont donc analysé les 99 études déjà publiées sur la cigarette électronique, ou e-cigarette. Ils en ont retenu 81 comportant des données sur l'usage : âge, modalités (expérimentation, usage régulier, arômes privilégiés, etc.), populations concernées, impact sur l'éventuelle consommation de tabac.

Ils ont en particulier analysé les données sur les e-liquides et dispositifs de propulsion. Ils ont constaté que les concentrations de produits potentiellement toxiques dans la vapeur de e-cigarette étaient "beaucoup plus faibles que dans la fumée du tabac, avec des concentrations négligeables en produits carcinogènes".

En ce qui concerne le "vapotage passif", parfois incriminé, en particulier dans les lieux publics, les auteurs constatent qu'effectivement, la vapeur expose l'entourage à la nicotine, "mais à des concentrations non susceptibles d'avoir un effet pharmacologique significatif".

Ils rappellent cependant que si ces liquides semblent sûrs pour l'inhalation, leur effet n'est pas encore connu sur les poumons des personnes asthmatiques ou insuffisantes respiratoires.

"Aucun effet indésirable sérieux", des risques d'empoisonnement à prévenir
Aucune étude, expérimentale ou prospective, n'a relevé la survenue d'effets indésirables dits "sérieux". Les effets scondaires relevés étaient "minimes à modérés" : sécheresse buccale, irritation de la gorge, toux sèche.

Par contre, logiquement, l'ingestion de e-liquide peut s'avérer dangereuse, voire mortelle s'il s'agit d'un tout–petit. Plusieurs centaines de cas d'empoisonnement, volontaires (tentative de suicide) ou non, seraient survenus aux Etats-Unis (où la quantité de nicotine n'est pas limitée…), incitant les autorités américaines à appeler à la prudence (fioles hors de portée des enfants).

Une hausse régulière du vapotage, essentiellement chez les fumeurs
Sans surprise, les auteurs ont constaté une hausse progressive de l'usage dans ces études européennes et américaines. Il semblerait que 12 à 14 % de ceux qui l'essaient deviennent des utilisateurs réguliers, mais les données précises manquent encore.

Chez les plus jeunes (collège), l'e-cigarette est utilisée par des fumeurs, ou des jeunes qui ont déjà expérimenté la cigarette "classique" (0,04 % seulement chez ceux qui ne l'ont jamais expérimentée). La plupart des e-liquides utilisés dans ces études sont dosés à 18 mg/ml, les parfums les plus populaires sont tabac, menthe et fruits.

Une diminution de l'intoxication tabagique des fumeurs
Dans les enquêtes en ligne analysées par les auteurs, une majorité utilisateurs déclarent que l'e-cigarette les a aidé à arrêté de fumer (de 42 à 99 % des répondants)  ou à diminuer leur tabagisme (de 60 à 86 %).

Les études réalisées auprès de vapoteurs n'ayant pas l'intention d'arrêter de fumer ont montré une réduction de plus de 50 % de leur tabagisme à 1 semaine chez 32 % des participants. Cette réduction immédiate s'est le plus souvent maintenue : plus de 50 % de réduction à 2 ans pour 28 % des vapoteurs. 13 % avaient complètement arrêté le tabac au bout de 2 ans.

L'e-cigarette est également perçue comme moins addictive par les vapoteurs. La première utilisation après le lever survient plus tard qu'avec le tabac, que le e-liquide contienne, ou non, de la nicotine  (ce délai est un marqueur d'addiction : plus il est réduit, plus l'addiction est forte). Seuls 18 % disent ressentir un manque équivalent à celui ressenti avec le tabac.

Des études sur la réussite d'un sevrage volontaire encore peu concluantes, des indices épidémiologiques d'efficacité à confirmer
Les études menées auprès de fumeurs dans une démarche d'arrêt du tabac montrent également des résultats positifs, avec par exemple cette étude (Addiction, mai 2014) qui montre que ceux qui ont utilisé l'e-cigarette pour s'arrêter fument moins de tabac que ceux qui ont pris, d'eux-mêmes, des substituts nicotiniques ou ont essayé d'arrêter sans aide. Les études randomisées réalisées auprès de fumeurs voulant s'arrêter donnent des résultats soit positifs en faveur du vapotage, mais non significatifs statistiquement. D'autres études sont nécessaires (échantillon plus important, suivi plusieurs années) pour en savoir plus.

Par contre, les auteurs relèvent un indice indirect de l'efficacité possible de l'e-cigarette dans le sevrage tabagique : en Angleterre, l'utilisation de l'e-cigarette croît tandis que de plus en plus d'Anglais arrêtent de fumer (NDLR : en France, les ventes de tabac commencent aussi à diminuer). Cette baisse des ventes pourrait être liée à un impact positif du vapotage, même si ce lien de cause à effet demande à être confirmé.

Un rapport bénéfices-risques a priori positif et à encourager
Les auteurs soulignent l'impact positif sur la santé publique lorsque des fumeurs se mettent au vapotage (et diminuent donc leur tabagime), sans qu'il n'y ait de signe significatif d'élargissement de la population cible (peu de non fumeurs se mettent au vapotage). Ils estiment que les dangers potentiels de l'e-cigarette, certes encore mal connus mais a priori minimes, ne doivent pas empêcher son déploiement. Les auteurs appellent également les chercheurs à effectuer de nouvelles études avec un "monitoring étroit", ce qui permettra d'être plus catégoriques sur la sécurité des produits. 

En attendant ces études plus poussées nécessaires pour être vraiment rassurés sur une innocuité à court, moyen puis long terme, Peter Hajek et coll. encouragent  les professionnels de santé à aider leurs patients fumeurs qui veulent tester la cigarette électronique. 

Découvrez ci-dessus les positions sur la cigarette électronique que nous avons recueilli ces derniers mois auprès du Dr Patrick Dupont, tabacologue et de Claude Leicher, généraliste et président de MG France : 
 

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Edit 29/08 : le Dr Patrick Dupont nous a précisé sa position, initialement qualifiée de "proche" de celle d'Hajek et coll. par l'auteur de ces lignes, sur cette étude : 
 
"Il est important d'insister sur la prudence à observer au regard du peu de connaissances scientifiques que nous avons à ce jour sur les effets à long terme de la cigarette électronique sur la santé. Ceux qui ne parviennent pas à arrêter de fumer avec les thérapeutiques validées peuvent essayer la cigarette électronique, de préférence sur une période courte, à l'exception de ceux chez qui l'arrêt de celle-ci les replongerait dans l'usage du tabac. Cette prudence est rappelée dans  les dernières recommandations de l'OMS et celles de l'American Heart Association". 

A noter à ce sujet, côté français, qu'en attendant une éventuelle reconnaissance de l'intérêt de l'e-cigarette dans le sevrage tabagique, certaines mutuelles ont pris les devants et remboursent, à hauteur de 50 euros annuels le plus souvent, l'achat d'une cigarette électronique et d'e-liquides.

Appel à ne pas restreindre, par la loi, les possibilités d'utilisation de l'e-cigarette
Les auteurs de la méta-analyse publiée dans Addiction appellent les autorités sanitaires à tenir compte de la moindre nocivité évidente par rapport à la cigarette et des données positives déjà recueillies sur les fumeurs et donc à ne pas restreindre son utilisation. 

Cette position ouverte est aux antipodes de celle publiée début juillet  par le Forum of International Respiratory Societies (FIRS), groupement international de sociétés savantes de pneumologie incluant l'European Respiratory Society (ERS). Le FIRS appelle en effet, au contraire de Peter Hajek et coll., à la "restriction, voire l'interdiction de la vente de cigarettes électroniques dans le monde en attendant de nouvelles études sur leur sécurité".

Et en France ? L'interdiction du vapotage dans les lieux publics a été annoncée par Marisol Touraine en mai 2013 à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac, mais depuis, il n'y a pas eu de mise en oeuvre de cette mesure, pourtant à nouveau annoncée mi-2014. Par ailleurs, les buralistes ont a priori échoué en juin dernier dans leurs recours contre les boutiques spécialisées, qui peuvent donc continuer leur vente libre de e-cigarettes et e-liquides.

En savoir plus :
Electronic cigarettes: review of use, content, safety, effects on smokers and potential for harm and benefit, Peter Hajek, Jean-François Etter, Neal Benowitz, Thomas Eissenberg et Hayden McRobbie, Addiction, 31 juillet 2014
Cigarette électronique : 1400 cas d'empoisonnement par e-liquide, Sciences et Avenir, mars 2014
Real-world effectiveness of e-cigarettes when used to aid smoking cessation: a cross-sectional population study, Jamie Brown et coll., Addiction, mai 2014
Plusieurs mutuelles décident de rembourser la cigarette électronique, myeasycigarette.com, février 2014
Electronic Cigarettes: A Position Statement of the Forum of International Respiratory Societies, Schraufnagel DE et coll., American journal of respiratory and critical care medicine, juillet 2014
Tabac : les mesures chocs de Marisol Touraine, Le Figaro, 30 mai 2014
Cigarette électronique : la cour d'appel déboute les buralistes dans le contentieux contre les boutiques spécialisées, Lemondedutabac.com,  juin 2014

Sur VIDAL.fr : 
Sevrage tabagique : "le rôle central du médecin généraliste", Dr Patrick Dupont, tabacologue (juin 2014)
Cigarette électronique et sevrage tabagique : une publication sème le trouble... (mars 2014)
Sevrage tabagique : la Haute Autorité de Santé propose des outils et de nouvelles recommandations (janvier 2014)
Entre la cigarette et la cigarette électronique, il n'y a pas photo" Dr Claude Leicher (MG France) (janvier 2014)
Quelle utilisation en France de la cigarette électronique ? L'Inpes lance une étude nationale (janvier 2014)
Lutte contre le tabagisme et e-cigarette : les mesures annoncées par Marisol Touraine (mai 2013)

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