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Boissons énergisantes : nouveau doute sur leur tolérance cardiaque

Une étude réalisée à partir des données françaises de nutrivigilance et présentée au congrès de l'European Society of Cardiology met en évidence une association statistique entre consommation des boissons énergisantes et  la survenue de troubles cardiaques, sans que la causalité soit néanmoins formellement établie (possibles pathologies pré-existantes par exemple).

Face à l'explosion de la consommation de ces boissons, en particulier chez les plus jeunes, et cette notification d'effets indésirables  parfois mortels, les auteurs appellent à une surveillance accrue et à une meilleure information des professionnels de santé et des patients, en particulier s'ils présentent des anomalies cardiaques.
David Paitraud 04 septembre 2014 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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Nutrivigilance et boissons énergisantes 
Depuis leur autorisation sur le marché français, les boissons énergisantes ("Energy drink"), contenant de la caféine et/ou de la taurine ont envahi les linéaires des supermarchés et épiceries : 50 millions de litres des 120 boissons disponibles ont ainsi été consommés en France en 2011. 

Face à l'ampleur du phénomène et les risques, connus ou suspectés, liés à l'abus de ces produits excitants, l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) a, dès 2012, mis en place une surveillance étroite et décidé d'inclure dans le dispositif de nutrivigilance la notification des effets indésirables observés chez les consommateurs de ce type de boissons.

Un an après la publication des premiers résultats, une étude présentée au congrès de l'European Society of Cardiology vient confirmer les doutes sur un possible risque cardiaque lié à la consommation de ces boissons.

Peu d'effets secondaires notifiés, mais 9 décès constatés, sans lien de causalité formellement démontré
L'équipe, menée par le Pr Drici du CHU de Nice, a repris les données recueillies par l'ANSES entre le 1er janvier 2009 et le 30 novembre 2012, soit pendant près de 4 ans. Au total, 257 cas d'effets indésirables ont été notifiés sur cette période et 45 ont été exclus de l'analyse car insuffisamment renseignés.

La majorité des effets indésirables était d'ordre cardio-vasculaire (95), incluant des poussées de tension artérielle (5), des troubles du rythme (43), des angines de poitrine (6) et même des arrêts cardiaques et morts subites (9).

Le "syndrome de la caféine", associant  tachycardie, anxiété et maux de tête, a été observé à 60 reprises.

Les autres effets indésirables rapportés étaient d'ordre psychiatrique (74) et neurologique (57).

D'après l'analyse des auteurs, le lien de causalité entre les effets rapportés et la consommation de boissons énergisantes est considéré comme "possible" pour un quart des cas (25,5 %), probable et très probable pour respectivement 8,5 et 3,3 % des cas. 

Un surrisque lié au mode de consommation
Cette étude n'apporte pas de données formelles, définitives, mais confirme que la consommation de boissons énergisantes est associée à des événements indésirables graves voire mortels, avec une prédominance d'événements cardiaques. Le mode de consommation de ces boissons, en série lors de soirées festives ou pendant la pratique sportive, est également un facteur de risque à ne pas négliger et contribue à favoriser la survenue d'effets indésirables cardiaques. En 2013, l'ANSES s'inquiétait par ailleurs d'une consommation de plus en plus précoce, exposant les plus jeunes à des doses anormalement élevées de caféine (Cf. notre article du 3 octobre 2013).

En rappelant l'ensemble de ces risques, les auteurs soulignent le manque d'information et les efforts à réaliser dans ce sens auprès des consommateurs, en particulier ceux qui ont des antécédents pathologiques cardiovasculaires, mais également des professionnels de santé. Pour les auteurs, les efforts de notification des effets indésirables au sein du système de nutrivigilance doivent aussi être renforcés.

Pour aller plus loin :
Cardiac safety of so called "energy drinks", M.-D. Drici et coll., European Heart Journal (2014) 35 (Abstract Supplement), 401

Sur VIDAL.fr :
Boissons énergisantes : mise en garde de l'Anses contre les modes de consommation à risque (3 octobre 2014)
Sources

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