#Santé publique

Grippe : le seuil épidémique a été franchi en France, prédominance de la souche virale A(H3N2) mutée

Le seuil épidémique a été franchi en semaine 3 et 4 en France métropolitaine, selon les dernières données publiées de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS).

Le nombre de consultations pour syndromes grippaux augmente dans toutes les régions.

Le virus A(H3N2) est majoritaire en France comme dans le reste de l'Europe. Mais la souche circulante est différente de celle utilisée dans le vaccin, ce qui fait craindre une baisse de son efficacité (voir notre article). 

Les données actuelles montrent aussi une mortalité accrue chez les personnes de plus de 85 ans, toutes causes confondues, sans qu'il soit possible pour le moment de relier cette hausse à la grippe.
David Paitraud 29 janvier 2015 Image d'une montre4 minutes icon 6 commentaires
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L'épidémie de grippe est présente sur la quasi-totalité du territoire français, selon les constats effectués par les médecins du Réseau Sentinelle et SOS Médecins.

L'épidémie de grippe est présente sur la quasi-totalité du territoire français, selon les constats effectués par les médecins du Réseau Sentinelle et SOS Médecins.

L'épidémie de grippe a débuté en France. Dans son bulletin hebdomadaire du 28 janvier, l'InVS (Institut de veille sanitaire) indique un taux d'incidence national 482 cas pour 100 000 habitants en semaine 4 (19 au 25 janvier 2015), c'est-à-dire très au-delà du seuil épidémique. Les données sont issues du "Réseau unique", constitué des médecins du Réseau Sentinelles et de ceux de l'association Grog-Chard de Champagne-Ardennes.

Par ailleurs, selon le Réseau Sentinelles, qui a également publié son bulletin hebdomadaireen 2 semaines, 457 000 personnes auraient consulté un médecin généraliste pour un syndrome grippal :
 

L'ensemble de la métropole est concernée
Toutes les régions de la métropole sont concernées avec un nombre croissant de consultations pour syndromes grippaux (selon SOS médecins). Douze régions présentent une activité très forte (plus de 15 % diagnostics codés) en semaine 4, à savoir l'Ile-de-France, la Picardie, la Basse-Normandie, la Bourgogne, le Limousin, l'Auvergne, l'Alsace, l'Aquitaine, Midi-Pyrénées, Rhônes-Alpes, PACA et la Corse. Seule la Franche-Comté présente une activité modérée (5 à 10 % diagnostics codés). Autre exception, Poitou-Charentes est la seule région où l'activité grippale stagne, alors que l'activité croît dans toutes les autres régions.

Un constat proche de celui effectué par les médecins du Réseau Sentinelles (carte de gauche illustrant cet article). 
 
Le virus A(H3N2) prédomine sur les prélèvements analysés en France, comme en Europe
Les prélèvements réalisés par les médecins généralistes du Réseau unique indiquent une prédominance du virus A(H3N2), représentant 62 % des cas analysés depuis la semaine 40 de 2014. Cette situation s'observe également dans le reste de l'Europe et aux Etats-Unis

Le virus A(H1N1)pdm09 n'est responsable que de 22 % des cas répertoriés, tandis que 12 % sont attribués au virus grippal de type B. Une majorité de A(H3N2), 63 %, également constatée par les seuls médecins du Réseau Sentinelles, qui ont analysé 867 prélèvements depuis la semaine 40. 

A l'hôpital, 85 % des virus identifiés par le réseau des laboratoires hospitaliers (Rénal) sont de type A.
 

Un vaccin dont l'efficacité est probablement diminuée
Le virus A(H3N2) circulant est différent de la souche utilisée pour élaborer le vaccin antigrippal pour la saison 2014/2015 (mutation ultérieure), ce qui fait craindre une baisse de son efficacité protectrice, alors que ces dernières années le fait de se faire vacciner diminuait de 50 à 60 % le risque d'être infecté (cfnotre article du 19 janvier 2015).

Les autres virus, B et A(H1N1), sont identiques à ceux ayant servi à l'élaboration du vaccin.

L'InVS souligne cependant que "le vaccin reste le meilleur outil de prévention, même si son efficacité contre A(H3N2) n'est probablement pas optimale".
 
Les patients admis en réanimation sont des sujets à risque de complications
En semaine 4, 2 756 passages aux urgences pour grippe ont été enregistrés par le réseau Oscour (Organisation de la surveillance coordonnée des urgences), soit une augmentation de 55 % par rapport à la semaine précédente.

Le nombre d'hospitalisations est de 194, soit une augmentation de 43 %.

Au cours de la semaine 4, 79 cas graves et admis en réanimation ont été signalés (223 depuis le 1er novembre 2014). Les caractéristiques suivantes ont été relevées chez ces patients :
  • le virus de type A est prédominant (virus A non sous-typé dans 67 % des cas, virus A(H1N1)pdm09 dans 13 % des cas et virus A(H3N2) dans 9 % des cas) ;
  • la moyenne d'âge est de 62 ans, avec 114 cas de plus de 65 ans et 97 cas de 15 à 64 ans ;
  • les hommes sont plus touchés que les femmes (57 % des cas sont des hommes) ;
  • la majorité des cas ne sont pas vaccinés (45 % des cas contre 26 % de vaccinés). Mais le statut vaccinal n'est pas connu ou renseigné dans 30 % des cas ;
  • La majorité des patients présente un des facteurs de risque de complication ciblés par la gratuité de la vaccination. Mais dans 9 % des cas, aucun facteur de risque de survenue de complications n'a été identifié. 
  • le syndrome de détresse respiratoire aigu (44 %) et la ventilation mécanique (54 %) sont les principales complications rapportées. Le décès est intervenu dans 7 % des cas.
 

Une mortalité  "toutes causes confondues" en hausse, mais sans lien démontré avec la grippe
Le bulletin épidémiologique du 28 janvier indique une hausse de la mortalité toutes causes confondues, avec des taux supérieurs aux valeurs attendues (cf. graphe InVS ci-dessus). Les personnes de 85 ans et plus sont principalement touchées, avec près de 4 000 décès enregistrés au cours de la semaine 3. Cependant, l'InVS souligne que "la part attribuable à la grippe n'est pas connue".
 
Pour aller plus loin :
Point au 28 janvier 2015 - Bulletin hebdomadaire  (InVS, 28 janvier 2015)
Syndromes Grippaux : en 2 semaines d'épidémie 457 000 personnes auraient consulté un médecin (Réseau Sentinelles 28 janvier 2015)
Présentation du Réseau OSCOUR® - Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (InVS)
 
Sur Vidal.fr :
Grippe saisonnière : possible diminution de l'efficacité du vaccin, nécessaire vigilance chez les personnes à risques (19 janvier 2015)
Intensification de la saison grippale en Europe (en partenariat avec medecinedesvoyages.net, 26 janvier 2015)

Commentaires

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lolo53 Il y a 9 ans 0 commentaire associé
il aurait été bien de ne pas ébruiter la mutation du virus car l'an prochain, les gens ne voudront pas se faire vacciner. L'assurance maladie se plaignait d'avoir un faible taux de vaccination, cela ne va pas la favoriser.
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