#Santé publique #Données épidémiologiques

Fin de l’épidémie de grippe : la mortalité "revient dans des valeurs proches des valeurs attendues" (InVS)

En semaine 14 (du 30 mars au 5 avril), tous les indicateurs de suivi de la grippe et de son impact sont revenus à des valeurs de base, selon le dernier bulletin de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS).

Bien que leur circulation soit faible, des virus grippaux sont encore identifiés, mais le taux d’incidence national se situe en-dessous du seuil épidémique  (61/100 000 consultations pour syndrome grippal).

La mortalité toutes causes est désormais proche des valeurs attendues cette semaine.

Les prélèvements réalisés depuis le début de l’épidémie ont montré une majorité de virus de type A(H3N2), dont la mutation survenue en cours d’année 2014 sera intégrée dans le prochain vaccin antigrippal.
08 avril 2015 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
1
2
3
4
5
(aucun avis, cliquez pour noter)
Publicité
Les données collectées par l'InVS et ses partenaires médicaux et institutionnels confirment la fin de l'épidémie de grippe

Les données collectées par l'InVS et ses partenaires médicaux et institutionnels confirment la fin de l'épidémie de grippe

 
Epidémie terminée, près de 3 millions de personnes ont consulté
Selon les données de SOS Médecins et celles du "Réseau unique", constitué des médecins du Réseau Sentinelles et de ceux de l'association Grog-Chard de Champagne-Ardennes, l'activité médicale en rapport avec la grippe est aujourd'hui faible dans toutes les régions françaises, sous le seuil épidémique (cf. ci-dessus le graphe du Réseau unique). 

Pendant l'épidémie de grippe 2014-2015, 2,9 millions de personnes ont consulté pour un syndrome grippal.
 
Collectivités de personnes âgées : une grippe plus  fréquente et plus sévère que les autres années
Cette année aura notamment été marquée par un nombre plus élevé que d'habitude de foyers d'infections respiratoires aiguës (IRA) en collectivités de personnes âgées ; 1 319 ont été signalés depuis le 1er novembre 2014 (S40) :


 
 "Un total de 408 (31 %) de ces foyers ont été attribués à la grippe, dont 257 à la grippe A et 39 à la grippe B", précise l'InVS, qui souligne aussi que le taux d'infection dans ces résidences (30 %) et le nombre de décès (3 %)  sont plus élevés que les années précédentes ("valeurs hautes").

Du 30 mars au 5 avril, 14 foyers d'infections respiratoires aiguës (IRA) ont encore été signalés à l'InVS, en collectivités de personnes âgées, mais c'est un nombre "normal", retrouvé en dehors des épidémies.

Une épidémie marquée par une augmentation du nombre de cas graves (admis en réanimation)
Le nombre de passages aux urgences diminue fortement, avec 507 passages pour grippe en semaine 14 relevés par le réseau Oscour ® ("Organisation de la surveillance coordonnée des urgences", qui couvre 88 % des urgences françaises).  

Mais 23 cas graves (définis comme nécessitant une admission en réanimation) ont encore été signalés à l'InVS cette même semaine, portant à 1 540 le nombre total de cas graves notifiés depuis le 1 er novembre 2014, nombre supérieur à celui constaté les années précédentes :



Sur ces 1 540 cas graves :
- la moyenne d'âge était de 60,5 ans : 745 avaient plus de 65 ans, 700 de 15 à 64 ans, 32 de 5 à 14 ans et 63 de 0 à 4 ans.
- 82 % (1257) présentaient des facteurs de risques (comorbidités) les rendant éligibles à la vaccination. A l'inverse, 240 personnes n'avaient aucun facteur de risque identifié.
-  777 n'étaient pas vaccinés (50%), 264 étaient vaccinés (17 %). Les 32 % restants n'ont pas renseigné leur statut vaccinal.
- Ces cas graves ont entraîné des SDRA (Syndrome de détresse respiratoire aigu) dans 46 % des cas (707 patients), ont nécessité la mise en place d'une ventilation mécanique dans 55 % des cas, et d'une Ecmo (Oxygénation par membrane extracorporelle) dans 4 % des cas. Ces hospitalisations ont été suivies d'un décès dans 15 % des cas (244 personnes décédées).
 
Une mortalité hivernale excédentaire estimée à 12 700 personnes
La mortalité de 15 % mentionnée ci-dessus est une létalité directe, survenant après une hospitalisation en réanimation pour IRA. Mais il est probable que la grippe, particulièrement forte cette année, ait été responsable, directement ou indirectement, de l'augmentation des décès constatée cet hiver par rapport aux années précédentes.

Selon les données de l'InVS, depuis le début de l'épidémie de grippe en janvier 2015, la mortalité hivernale est en effet "supérieure de 17 % à la mortalité attendue calculée à partir des 8 années précédentes, soit un excès estimé à 12 700 décès:


 
Il n'est certes pas possible de quantifier précisément la part attribuable à la grippe elle-même dans cette surmortalité, mais la simultanéité du pic épidémique et de cette augmentation, ainsi que celle de l'arrêt de la surmortalité et la fin de l'épidémie sont en faveur d'un lien. 

Le virus A(H3N2) muté,  responsable de cette ampleur et relative gravité ?
Les prélèvements effectués en France, comme en Europe et aux Etats-Unis, ont montré une prédominance des infections par la souche grippale A(H3N2), en orange sur le schéma ci-dessous (55 % des prélèvements) :


Le vaccin antigrippal 2014-2015 contenait cette souche A(H3N2), appelée "Texas",mais elle a malheureusement muté au cours de l'année 2014, après la fabrication et distribution du vaccin.

Cette mutation, appelée "Switzerland", a affecté une majorité des virus A(H3N2), expliquant la baisse d'efficacité protectrice vaccinale constatée en janvier aux Etats-Unis (voir notre article) puis en Europe. Cette baisse d'efficacité a pu jouer un rôle dans la propagation de l'épidémie, en particulier chez les personnes âgées, premières cibles de la vaccination.  

Cette souche mutée semble également impliquée dans une grande partie des cas graves de grippe admis en réanimation, même si l'InVS précise que les hôpitaux n'étaient pas assez équipés d'outils de détection du A(H3N2) : les prélèvements effectués en réanimation n'ont en effet montré la présence d'A(H3N2) que dans 16% des cas, mais 55 % des virus identifiés ont été étiquetés "A non sous-typé", ce qui peut correspondre à cette souche mutée [autres sous-types retrouvés dans ces cas graves : A(H1N1) 16 %, B 15 %]. 

En 2016, protection possible contre la souche A(H3N2) Switzerland
L'OMS a annoncé fin février la composition du vaccin 2015-2016. Il comportera la souche A(H3N2) mutée, appelée A/Switzerland/9715293/2013 (H3N2), qui remplace la souche A(H3N2) "Texas" du vaccin 2014-2015, ainsi que la souche A/California/7/2009 (H1N1)pdm09), virus de la pandémie grippale de 2009 ("A(H1N1)") et une souche virale B, appelée B/Phuket/3073/2013.
 
Le nouveau vaccin comportera donc la souche A(H3N2) mutée en cause dans l'ampleur et la gravité de cette épidémie, ce qui devrait restaurer son efficacité protectrice partielle (en moyenne, la vaccination diminue de 50 à 60 % le risque de contracter une grippe). Du moins si de nouvelles mutations n'apparaissent pas et si la couverture vaccinale est suffisante, ce qui est loin d'être le cas en France.  
 
En savoir plus :
Bulletin épidémiologique grippe. Point au 8 avril 2015, InVS
 
Sur VIDAL.fr :
La composition du prochain vaccin grippal pour l'hémisphère nord prend en compte la circulation de nouveaux virus grippaux (en partenariat avec mesvaccins.net, 28 février 2015)
Grippe saisonnière 2014/2015 : pic épidémique proche et déclenchement du plan ORSAN (20 février 2015)
Grippe : le seuil épidémique a été franchi en France, prédominance de la souche virale A(H3N2) mutée (29 janvier 2015)
Grippe saisonnière : possible diminution de l'efficacité du vaccin, nécessaire vigilance chez les personnes à risques (19 janvier 2015)
Intensification de la saison grippale en Europe (en partenariat avec medecinedesvoyages.net, 26 janvier 2015)

Commentaires

Ajouter un commentaire
En cliquant sur "Ajouter un commentaire", vous confirmez être âgé(e) d'au moins 16 ans et avoir lu et accepté les règles et conditions d'utilisation de l'espace participatif "Commentaires" . Nous vous invitons à signaler tout effet indésirable susceptible d'être dû à un médicament en le déclarant en ligne.
Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !
Publicité
Publicité
Presse - CGU - Données personnelles - Politique cookies - Mentions légales - Contact webmaster