Chutes : ce n'est pas vidéogag, c'est du sérieux

Chez le sujet âgé, une chute peut entraîner de graves complications (fractures de la hanche et du poignet) et est considérée comme un facteur de risque important de mortalité. Il paraît donc essentiel de prévenir ces chutes le plus possible et pour cela, d'en connaître les causes et les circonstances de survenue. C'est ce qu'ont voulu déterminer les auteurs de cette étude canadienne menée entre 2007 et 2010 dans deux maisons de retraite.

Pour observer les chutes, ils les ont filmées. Les caméras étaient placées dans les espaces communs (salles à manger, salons et couloirs). Lorsqu'une chute survenait, l'équipe soignante la déclarait afin que la vidéo soit analysée par trois experts. L'objectif principal était de déterminer la cause de l'incident. Des données sur les résidents (âge, sexe) et sur leur état de santé (maladie d'Alzheimer) était également recueillies.
Au total, 130 résidents sont tombés et 227 chutes ont été enregistrées (des patients sont tombés plusieurs fois). L'âge moyen des personnes ayant fait une chute était de 78 ans et 52 % était des femmes. Dans 41 % des cas, la chute était provoquée par un déséquilibre interne, sans cause extérieure, et consécutif à un balancement excessif du tronc, à une perte de balancement des bras, ou à une marche festinante caractéristique de la maladie de Parkinson (petits pas rapides, le corps penché en avant). Dans 21 % des cas, la chute était consécutive à un trébuchement. Les autres causes observées étaient un heurt avec quelque chose (11 %), une perte de soutien (11 %), une perte de connaissance (11 %) ou une glissade (3 %). Dans la majorité des cas, les chutes ont été observées tandis que le sujet était en train de marcher, se tenait debout sans avancer, ou était en train de s'assoir. Selon les résultats, les patients atteints d'une maladie d'Alzheimer étaient plus nombreux à avoir chuté.

En résumé, l'étude montre que les éléments extérieurs ne constituent pas les causes principales de chutes chez les sujets âgés. Ces chutes résultent le plus souvent d'un déséquilibre de la personne elle-même, défini par un déplacement du centre de gravité. Pour les auteurs, ces données doivent permettre de développer des mesures appropriées pour la prévention des chutes. Cette conclusion fait écho aux recommandations récentes de la HAS sur la prescription systématique de somnifères chez les seniors et sur les risques de chute liés à ces médicaments (Cf. Les somnifères endorment les seniors, pas la HAS). Parmi les 41 % de résidents dont la chute est causée par un déséquilibre, il aurait été intéressant de savoir combien d'entre eux prennent des somnifères.

source : SN.Robinovitch et coll. : Video capture of the circumstances of falls in elderly people residing in long-term care : an observationnal study. Lancet, 2012