Une génération (de pilules) désenchantée

Les contraceptifs estroprogestatifs oraux associent un estrogène (l'éthinyl-estradiol) et un progestatif. Les progestatifs sont classés en quatre catégories : les progestatifs de première génération (noréthistérone), de deuxième génération (lévonorgestrel, norgestrel), de troisième génération (désogestrel, du gestodène ou du norgestimate), et les autres progestatifs (parfois appelés de quatrième génération) qui correspondent aux progestatifs les plus récents.

Comparées aux pilules de 1ère et 2ème génération, les 3èmes générations présentent une efficacité comparable, sans intérêt clinique supplémentaire démontré sur l'acné, la prise de poids, les nausées, les jambes lourdes ou d'autres effets indésirables liés à la pilule. En revanche, et c'est le point négatif, les 3ème générations exposent les femmes à un surrisque de thrombose veineuse (phlébite) ou artérielle (infarctus du myocarde). Ce risque, estimé à 0,02 % par an (2 accidents par an pour 10 000 utilisatrices) pour les deux premières générations, est doublé avec les pilules de troisième génération (0,04 % par an, soit 4 accidents par an pour 10 000 utilisatrices), ainsi qu'avec la drospirénone (4ème génération).

Ces éléments défavorables plongent les pilules de troisième génération dans la tourmente, et depuis quelques mois, une série de décisions a été prise à leur encontre. Mi-2012, le SMR (service médical rendu) des contraceptifs oraux de 3ème génération a été jugé insuffisant et, en septembre, le ministère de la Santé a décidé de mettre fin à leur remboursement à partir de septembre 2013. Outre ces considérations économiques, c'est carrément l'utilisation de ces pilules qui est remise en cause. Dans un document publié en novembre, la HAS (Haute Autorité de santé) a clairement recommandé de préférer les pilules de 1ère et de 2ème génération à celles de 3ème génération. Pour le moment, l'AMM (autorisation de mise sur le marché) des pilules de 3ème génération est maintenue. A la vitesse où vont les choses, on se demande pour combien de temps encore ?

source : Bon usage du médicament - Contraceptifs oraux estroprogestatifs : préférez les « pilules » de 1ère ou 2ème génération. HAS, novembre 2012