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Dernières recommandations de l'OMS sur la lutte contre la diffusion internationale de la poliomyélite (14 novembre 2017)

05 décembre 2017 Image d'une montre7 minutes icon Ajouter un commentaire
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Cet article est assez technique. Nous recommandons aux lecteurs intéressés de lire d'abord cet article sur la poliomyélite et sa vaccination.

La quinzième réunion du Comité d'urgence s'est déroulée le 14 novembre 2017 sous la houlette de l'Organisation mondiale de la santé. Son compte-rendu a été publié en Français (alors que le compte-rendu précédent du 3 août 2017 était en anglais ; une synthèse du compte-rendu précédent est disponible ici).

A. Le point sur la propagation internationale des poliovirus

Les pays suivants ont communiqué des informations actualisées sur la mise en œuvre des recommandations temporaires contre la poliomyélite de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis la dernière réunion du Comité d'urgence du Règlement sanitaire international, le 3 août 2017 : Afghanistan, Nigéria, Pakistan, Syrie et République démocratique du Congo (RDC).

1. Le poliovirus sauvages de type 1 (PVS1)

Le nombre de cas d'infection à PVS1 est en forte baisse dans le monde. Des progrès continus sont réalisés dans les trois pays où circule le PVS1, c'est-à-dire l'Afghanistan, le Nigéria et le Pakistan. La propagation internationale est limitée à l'Afghanistan et au Pakistan.

Une éventuelle faille dans la prévention de la propagation de la poliomyélite pourrait retarder l'éradication, et ce d'autant plus qu'une diminution des financements est prévue dans les années à venir.

  • Le Pakistan ne recense que 5 cas jusqu'à présent en 2017, grâce à une meilleure accessibilité à la vaccination des enfants.
  • En Afghanistan, 10 cas de poliomyélite ont été déclarés en 2017 ; il existe un risque de diffusion lié à la difficulté de vacciner les enfants dans le sud du pays.
  • Au Nigéria, une population importante dans l'État de Borno est totalement inaccessible, dont environ 160 000 à 200 000 enfants âgés de moins de cinq ans. Même si le PVS1 n'a pas été détecté au Nigéria depuis 13 mois, une évaluation récente par des experts mondiaux de la poliomyélite a conclu qu'une transmission persistante ne pouvait pas être exclue.
  • Le risque de propagation internationale du Nigéria vers les pays situés autour du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigéria, République centrafricaine et Tchad) et au-delà vers l'Afrique subsaharienne reste élevé, en raison d'insurrections, de la présence de populations déplacées et de réfugiés, ainsi que d'une désorganisation des services de santé dans cette région. Une coordination des activités de vaccination et de surveillance au sein de cette région est nécessaire.

2. Poliovirus dérivés de souches vaccinales (PVDVc)

En Syrie et en République Démocratique du Congo, la survenue de flambées épidémiques a révélé l'existence de populations sous-immunisées vulnérables dans des zones inaccessibles pour cause de conflit ou d'éloignement géographique. En outre, la détection tardive de ces flambées épidémiques révèle de graves lacunes au niveau de la surveillance dans de nombreuses parties du monde, souvent liées à des systèmes de santé peu robustes ou à des conflits qui les perturbent.

En République Démocratique du Congo, des cas de poliomyélite ont été rapportés dans la province du Tanganyika, nécessitant des opérations de vaccination supplémentaires avec le vaccin poliomyélitique oral monovalent dirigé contre le type 2 (VPOm2).

En Syrie, l'ampleur de la flambée épidémique et les difficultés rencontrées pour atteindre les populations concernées à cause du conflit en cours sont préoccupantes. L'immunité des populations contre le type 2 diminue rapidement, augmentant le risque de propagation de la poliomyélite en Syrie et au-delà. Une action urgente pour nécessaire pour stopper la transmission du virus de la poliomyélite.

En Somalie, un poliovirus dérivé de la souche vaccinale de type 2 (PVDV2) a récemment été détecté. Son analyse génétique a montré que ce virus se répliquait depuis plus de trois ans sans avoir été détecté.

B. Synthèse sur les risques de propagation de la poliomyélite

1. Risque de propagation internationale du poliovirus

Le risque de propagation internationale du poliovirus demeure une urgence de santé publique de portée internationale et les recommandations temporaires révisées sont prolongées pour une durée supplémentaire de trois mois.

Au Nigéria, la flambée épidémique de PVS1 et de PVDVc montre qu'il existe des zones à haut risque où la surveillance est entravée par l'inaccessibilité de certaines populations aux services de santé, se soldant par une circulation persistante non détectée du PVS depuis plusieurs années.

  • Le risque de transmission dans la sous-région du lac Tchad semble élevé.
  • Une propagation internationale de la poliomyélite est possible dans les pays toujours plus nombreux dont les systèmes de vaccination ont été affaiblis ou perturbés par un conflit ou par des situations d'urgence complexes. Les populations dans ces États fragiles sont vulnérables à des flambées épidémiques de poliomyélite.
  • Les flambées épidémiques de poliomyélite sont très difficiles à enrayer et menacent l'objectif d'éradication de la poliomyélite à l'échelle mondiale. 

2. Risque de propagation internationale de poliovirus dérivés de la souche vaccinale

  • Les poliovirus dérivés de la souche vaccinale engendrent un risque de propagation internationale qui, sans une intervention urgente, menace les populations vulnérables.
  • Le grand nombre de cas recensés pendant la flambée épidémique en Syrie, en peu de temps et à proximité de la frontière internationale avec l'Iraq, dans un contexte de mouvements de populations dus au conflit en cours, accroît considérablement le risque de propagation internationale.
  • La circulation persistante de poliovirus dérivés de la souche vaccinale de type 2 (PVDVc2) au Nigéria, au Pakistan, en Syrie et en République Démocratique du Congo révèle d'importantes lacunes dans la couverture vaccinale des populations à une étape cruciale de la phase finale de l'éradication de la poliomyélite.
  • Il demeure urgent de prévenir les cas dus au PVDVc de type 2, suite au retrait synchronisé à l'échelle mondiale de la valence 2 du vaccin antipoliomyélitique oral en avril 2016, sachant que l'immunité des populations contre les poliovirus de type 2 décroît rapidement.
  • Il reste difficile d'améliorer la vaccination systématique dans les zones touchées par l'insécurité et d'autres situations d'urgence.
  • La pénurie mondiale de vaccins poliomyélitiques inactivés (VPI) entraîne un risque supplémentaire.

C. Recommandations temporaires

1. Pays infectés par des poliovirus sauvages de type 1 (PVS1) ou par des poliovirus dérivés de la souche vaccinale de type 1 ou 3 (PVDVc1 ou PVDVc3), avec risque potentiel de propagation internationale (Pakistan, Afghanistan, Nigéria)

Pas de changement depuis la 14ème réunion du comité d'urgence du 3 août 2017.

Les recommandations sont les suivantes :

  • Pour un voyage international, tous les résidents et les visiteurs de longue durée (c'est-à-dire pour un séjour d'une durée supérieure à quatre semaines) de tous âges, doivent recevoir une dose de vaccin oral antipoliomyélitique bivalent contenant les poliovirus de types 1 et 3 (VPOb) ou de vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI, qui contient les trois types de poliovirus) entre quatre semaines et 12 mois avant le départ.
  • Pour les voyages en urgence (à savoir dans un délai de quatre semaines ou moins, le voyageur qui n'a pas reçu une dose de VPOb ou de VPI dans les quatre semaines précédentes à 12 mois, doit recevoir une dose de vaccin contre la poliomyélite au moins au moment du départ.
  • Un certificat international de vaccination ou de prophylaxie dans la forme indiquée à l'annexe 6 du Règlement sanitaire international est nécessaire pour enregistrer la vaccination.
  • Il faut limiter au point de départ le voyage international de tout résident qui présente un défaut de vaccination contre la poliomyélite (une preuve documentaire de la vaccination est nécessaire). Ces recommandations s'appliquent aux voyageurs internationaux de tous les points de départ, indépendamment des moyens de transport (route, air ou mer).
  • Ces mesures seront maintenues jusqu'à ce que les critères suivants aient été respectés : au moins six mois sans nouvelles infections, documentation sur l'application complète d'activités d'éradication de haute qualité dans toutes les zones infectées et à risque élevé.
  • Un rapport régulier sur la mise en œuvre des Recommandations temporaires sur les voyages internationaux doit être remis au Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé. 

2. Pays infectés par les poliovirus dérivés de la souche vaccinale de type 2 (PVDVc2) avec risque potentiel de propagation internationale (République Démocratique du Congo, Nigéria, Pakistan et Syrie)

Pas de changement depuis la 14ème réunion du comité d'urgence du 3 août 2017.

  • La définition de cette catégorie répond à la nécessité de mettre en place des mesures spécifiques devant la survenue de cas d'infection par le virus poliomyélitique de type 2 (voir ci-dessus), pouvant notamment nécessiter une vaccination de la population par le vaccin monovalent  oral vivant atténué de type 2 contre la poliomyélite (VPOm2).
  • Il faut encourager les résidents et les visiteurs de longue durée à recevoir une dose de vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI) quatre semaines à 12 mois avant le voyage international. Ceux qui entreprennent un voyage d'urgence devraient être incités à recevoir une dose au moins au moment du départ. Le vaccin polio oral bivalent n'est pas recommandé dans cette situation.
  • La vaccination doit être enregistrée sur un document approprié pour enregistrer le statut vaccinal.

3. Pays qui ne sont plus infectés par le poliovirus sauvage ou vaccinal, mais qui restent vulnérables à la propagation internationale et pays à risque pour l'émergence et la circulation du poliovirus vaccinal

3.1. Pour le poliovirus sauvages de type 1, il s'agit des pays suivants :

  • Cameroun (dernier cas le 9 juillet 2014) ;
  • Niger (dernier cas le 15 novembre 2012) ;
  • Tchad (dernier cas le 14 juin 2012) ;
  • République Centrafricaine (dernier cas le 8 décembre 2011).
  • Cette liste est sans changement depuis la 14ème réunion du comité d'urgence du 3 août 2017.

    3.2. Pour les poliovirus dérivés de la souche vaccinale, il s'agit des pays suivants :

    • Guinée (dernier cas le 14 décembre 2015) ;
    • Laos (dernier cas le 11 janvier 2016).

    Ces pays devraient :

    • Renforcer de façon urgente la vaccination de routine pour améliorer la protection immunitaire de la population.
    • Améliorer la qualité de la surveillance pour réduire le risque de transmissions non détectées, en particulier parmi les populations mobiles et vulnérables à haut risque.
    • Intensifier les efforts pour assurer la vaccination des populations mobiles et transfrontalières, des personnes déplacées, des réfugiés et d'autres groupes vulnérables.
    • Améliorer la coopération régionale et la coordination transfrontalière pour assurer le dépistage rapide d'une infection et la vaccination des groupes de population à haut risque.
    • Maintenir ces mesures avec la documentation de l'application complète des activités de surveillance et de vaccination de haute qualité.

    Depuis la 14ème réunion du comité d'urgence du 3 août 2017, l'Ukraine (dernier cas le 7 juillet 2015), Madagascar (dernier cas le 22 août 2015) et le Myanmar (dernier cas le 5 octobre 2015) ont été retirés de cette liste et ne sont donc plus considérés comme étant vulnérables à l'introduction ou à la diffusion de virus de la poliomyélite.

    Le système expert et l'information personnalisée délivrée par MesVaccins.net par ont été mis à jour pour chaque pays concerné.

    Source : Organisation mondiale de la santé.

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