#Santé publique #COVID-19

COVID-19 et maladies psychiatriques : les CMP restent ouverts

Dans le contexte épidémique actuel, les services et structures recevant des patients suivis en psychiatrie se sont réorganisés pour assurer la continuité des soins, tout évitant les risques de contamination. L'impact psychologique du confinement dans la population générale, bien mis en évidence en Chine, fait de son côté l'objet de différentes enquêtes en France. 
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La population générale n'est pas non plus indemne de troubles psychologiques

La population générale n'est pas non plus indemne de troubles psychologiques


Les services de psychiatrie et les établissements sanitaires autorisés en psychiatrie ont revu leur organisation afin de renforcer leur capacité de réponse en ambulatoire, d'éviter les passages aux urgences, tout en protégeant patients et soignants du risque de propagation du COVID-19. Les consignes et recommandations applicables à l'organisation des prises en charge dans ces services et établissements sanitaires ont été explicitées dans une fiche du 22 mars dernier du ministère des Solidarités et de la Santé.
 
Aide au confinement et prise en charge globale
Notamment, "les centres médico-psychologiques [NDLR : CMP] restent ouverts", rapporte le Dr Juliette Grémion, cheffe de service au sein du Groupe hospitalier Paul-Guiraud à Villejuif. Les patients peuvent recevoir leur traitement et avoir les injections ; les entretiens habituels avec leur médecin sont maintenus (par téléphone).
Ils bénéficient également du soutien des infirmiers, à la fois pour la prise en charge classique de leur pathologie, mais aussi pour les aider au confinement. Les soignants sont présents, physiquement et par téléphone pour réexpliquer les règles, veiller à ce que les patients n'adoptent pas les mesures de distanciation sociale de façon extrême, en ne sortant plus du tout, par exemple, ou encore pour fournir des attestations de déplacement dérogatoire à une population qui a souvent des difficultés sociales et ne dispose généralement pas d'imprimante.
Les personnes qui n'ont pas de médecin traitant peuvent aussi joindre le médecin généraliste présent au sein de l'équipe en cas de symptômes évocateurs d'une infection COVID-19 ou pour tout autre problème médical.

Sur place ou par téléphone
"Une organisation que nous avons expérimentée depuis longtemps, car nos patients n'ont pas toujours un médecin traitant, mais qui, dans le contexte de l'épidémie actuelle, vise à décharger au maximum les médecins généralistes et les services d'accueil des urgences", note le Dr Grémion. Les hospitalisations sont écourtées dans la mesure du possible, celles de jour sont physiquement fermées, mais les contacts sont assurés et développés par téléphone ; des visio-consultations devraient être accessibles prochainement.
Globalement, les contacts à distance sont privilégiés lorsque cela est possible, mais les consultations sur place sont maintenues dans le respect des normes imposées par les autorités. Notre service, comme tous les autres, s'est organisé pour recevoir les patients infectés en toute sécurité.

L'essor des consultations en vidéo
Les praticiens, libéraux, généralistes comme spécialistes sont nombreux à avoir opté pour les nouveaux modes de communication en vidéo pour poursuivre les consultations. La fiche médecin, diffusée par le ministère des Solidarités et de la Santé le 18 mars dernier, précise en effet qu'il n'est pas nécessaire de disposer d'une solution de téléconsultation spécifique en l'absence de transmission de dossiers, et qu'il est tout à fait possible d'utiliser une solution d'échange vidéo telle que Skype, WhatsApp ou FaceTime.

L'impact du confinement dans la population générale
"Dans la population générale, l'épidémie de COVID-19 et le confinement sont susceptibles d'entraîner différents troubles, notamment des troubles anxieux et des troubles du sommeil", précise le Dr Grémion. "On peut aussi s'attendre à une augmentation de la consommation d'alcool et de drogues avec, dans ce cas, de possibles problèmes d'approvisionnement et d'éventuelles situations de manque". Le recul en France est pour l'instant limité, à peine plus de 2 semaines de confinement, mais plusieurs études menées en Chine soulignent les répercussions négatives du confinement.
Ainsi, dans une vaste étude menée dans 36 provinces du pays, s'appuyant sur l'analyse de plus de 52 000 réponses à un auto-questionnaire (35 % d'hommes et 64 % de femmes), un tiers des personnes ont rapporté avoir ressenti une détresse psychologique. En analyse multivariée, le score CPDI (COVID-19 Peritraumatic Distress Index), utilisé dans ce travail, était associé au sexe, à l'âge, au niveau d'éducation, à l'activité professionnelle et à la région.
Les scores étaient plus élevés chez les femmes, chez les sujets âgés de 18 à 30 ans et chez ceux de plus de 60 ans, tandis que les moins de 18 ans présentaient les scores les plus faibles. Les sujets ayant un niveau d'éducation supérieur, ceux devant se déplacer pour travailler et ceux vivant dans les zones les plus touchées avaient également des scores plus élevés. 

Des enquêtes en cours
En France, plusieurs initiatives ont été lancées afin d'évaluer l'impact psychologique de l'épidémie. Citons notamment celle de l'Inserm, qui, sous la houlette d'Anne Giersch, directrice du laboratoire Neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la schizophénie, à Strasbourg, mène une enquête auprès de volontaires sains pour explorer les effets du confinement, notamment sur la santé mentale. Le recrutement des volontaires est aujourd'hui terminé.
Une autre enquête a été mise en place par une chercheur lyonnaise, Lise Bourdeau-Lepage, enseignante à l'université Lyon3 CNRS afin d'évaluer les changements qui ont pu s'opérer dans la vie quotidienne, notamment sur le plan des relations sociales, des habitudes de vie et du bien-être en général.
 
Aider aussi les soignants
En première ligne pour dépister les infections ou soigner les patients, le personnel soignant a besoin de soutien et d'écoute. Parmi les actions menées, on peut citer le dispositif d'aide et d'accompagnement psychologique proposé par l'Association Soins aux professionnels en santé (SPS). Avec la plateforme nationale d'appel Pros-Consulte, composée de 100 psychologues experts, cette association a mis en place une écoute, un soutien et une proposition de réorientation vers le réseau national du risque psychosocial. La plateforme est accessible 24 h/24 et 7 j/7, via le numéro vert  0 805 23 23 36 ou l'application mobile Asso SPS.
 
Pour en savoir plus
Fiche Établissements autorisés en psychiatrie. Consignes et recommandations applicables à l'organisation des prises en charge dans les services de psychiatrie et les établissements sanitaires autorisés en psychiatrie. 


Qiu J et al. A nationwide survey of psychological distress among Chinese people in the COVID-19 epidemic: implications and policy recommendations. Gen Psychiatr. 2020 Mar 6;33(2):e100213. doi: 10.1136/gpsych-2020-100213.

Fiche médecins. Recours à la téléconsultation dans le cadre de l'épidémie de coronavirus.

Psycom. Épidémie et confinement : ressources utiles pour notre santé mentale.
 
Sources

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