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COVID-19 : c’est l’évolution du nombre de nouveaux cas confirmés par jour qui pourrait devenir la donnée la plus suivie

La synthèse de Santé publique France concernant l'évolution épidémiologique de la COVID-19, publiée le 30 avril, s'appuie sur les données recueillies en semaine 17 (du 20 au 28 avril 2020).
Il s'agit de la cinquième mise au point hebdomadaire depuis celle du 24 mars 2020, dont certaines ont été relayées et commentées dans les actualités VIDAL (les 7  [partie 1 et partie 2], 14, 17 et 24 avril 2020). 
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Des données épidémiologiques qui évoluent de semaine en semaine (illustration).

Des données épidémiologiques qui évoluent de semaine en semaine (illustration).


L'évolution extraordinairement rapide de cette épidémie hors du commun, conduit Santé publique France à actualiser, chaque semaine, les données épidémiologiques concernant la COVID-19.
Il est ainsi possible de suivre les chiffres hebdomadaires des hospitalisations en service de médecine et en réanimation, des décès à l'hôpital, et, avec retard, des établissements sociaux et médico-sociaux pour lesquels des informations n'ont été disponibles qu'à partir du 9 avril 2020.
En outre, depuis la mi-mars, le nombre de consultations pour suspicion de COVID-19 a été divisé par quatre. Cependant, on observe une stabilité des consultations physiques auprès des médecins généralistes en semaine 17.
Il apparaît qu'il faut, aujourd'hui, attacher une importance première au nombre de nouveaux cas confirmés par jour. Il s'agit maintenant d'un paramètre essentiel pour vérifier l'effet des mesures de confinement, apprécier les tendances secondaires au contrôle de l'épidémie, comme l'a déclaré le premier ministre lors de son discours devant l'Assemblée nationale, le 28 avril dernier, tenant compte des recommandations du conseil scientifique présidé par le Pr JF Delfraissy (avis n° 6 publié le 20 avril 2020).
Enfin, dans cette synthèse, a été ajouté un paragraphe qui précise l'analyse des taux de mortalité.
 
Le nombre de consultations pour suspicion de COVID-19 continue à baisser
 Le nombre de consultations pour suspicion de COVID-19 est, comme chaque semaine, apprécié à partir des données du réseau Sentinelles, de l'association SOS médecins et du réseau Oscour®.
 
Le réseau Sentinelles
Le taux de consultations (téléconsultations comprises) pour COVID-19 est estimé en semaines 17 à 77/100 000 habitants en France métropolitaine, soit un chiffre en baisse d'environ 50 000, dont 5 977 consultations chez un médecin généraliste. Le taux des téléconsultations est proche de 90 % de l'ensemble des consultations.
 
Association SOS Médecins
2 692 consultations ont été comptabilisées en semaine 17, en baisse de 28 % par rapport à la semaine 16 (3 699), cette diminution ayant été constatée pour la 4e semaine consécutive. De plus, il y a eu 44 089 actes médicaux pour suspicion de COVID-19 depuis le 3 mars 2020.
 
Le réseau Oscour®
Le nombre de passages aux urgences pour suspicion de COVID-19 en semaine 17 a été de 10 731, ce qui représente 6 % de l'activité des urgences. Ce chiffre conforte la diminution régulière observée pour la 4e semaine consécutive.
La proportion d'hospitalisations après passage pour suspicion de COVID-19, indicateur de gravité à l'arrivée aux urgences, est restée stable, à 41 % en semaine 17. Le pourcentage était de 62 % chez les 65-74 ans, et de 78 % chez les 75 ans ou plus, soit en légère baisse.
Au total, 126 860 passages aux urgences pour suspicion de COVID-19 ont été enregistrés depuis le 24 février 2020.
 
En résumé, environ 65 000 patients ont été vus durant la semaine 17 pour une suspicion de COVID-19, dans une structure de consultation, y compris par téléconsultation, et aux urgences. Ce chiffre est en diminution d'environ 15 % par rapport à la semaine 16, et a été divisé par quatre depuis le début du mois d'avril (265 000 consultations en semaine 14).
 
Surveillance virologique : un taux de positivité de 19 % jusqu'au 28 avril
Les données virologiques émanent de laboratoires de ville et hospitaliers.
 
  • Laboratoires de ville
Les résultats virologiques ont été collectés via le réseau 3 labo (Cerba, Eurofins, Biomnis). Les prélèvements provenaient de 1 735 laboratoires de ville et de 166 établissements de santé. Le taux de positivité des tests réalisés en semaine 17 était de 8 % en moyenne (12 % pour les prélèvements hospitaliers et 7 % pour les prélèvements de ville).
Les premiers tests de diagnostic SARS-CoV-2 datent du 9 mars 2020 et, au 28 avril, 175 807 tests avaient été réalisés, parmi lesquels 32 827 étaient positifs, soit un taux de positivité de 19 %. La moyenne d'âge des patients testés positifs était de 69 ans (60 ans à l'hôpital, 75 ans en ville).
 
  • Laboratoires hospitaliers
Les laboratoires hospitaliers ont effectué, du 24 février au 28 avril, 548 767 tests dont 111 113 positifs pour le SARS-CoV-2. Le taux de positivité des tests était de 20 %. Depuis 4 semaines, la diminution du taux de positivité des tests se poursuit.  
 
Nombre de cas confirmés de COVID-19 depuis janvier 2020
Entre le 21 janvier et le 28 avril 2020, 126 835 cas de COVID-19 ont été confirmés en France. Pour un nombre total de tests pratiqués de 725 000.
 
Mais l'évolution de nouveaux cas confirmés par jour est devenue un paramètre essentiel du suivi. La figure 1 ci-dessous informe sur le nombre de nouveaux cas identifiés chaque jour depuis le 25 février, suivie du tableau I donnant les chiffres par semaine, du 10 mars au 28 avril, ainsi que les moyennes quotidiennes hebdomadaires.
 
Figure 1. Nouveaux cas quotidiens de Covid-19 déclarés
(Source Wikipédia – Santé Publique France)
 
Tableau I - Nombre de nouveaux cas par semaine et moyenne/jour sur la semaine
 
Le lecteur pourra constater, qu'après deux semaines (du 26 mars au 13 avril) où le nombre de nouveaux cas par jour a oscillé autour de 4 000 avec un pic au-dessus de 7 000 le 31 mars, le nombre de nouveaux cas par jour est inférieur à 2 000 depuis le 21 avril. L'objectif à atteindre est compris entre 1 000 et 3 000 nouveaux cas par jour (Avis du Conseil scientifique COVID-19 le 20 avril 2020). Descendre en dessous de 1 000 nouveaux cas quotidiens serait encore mieux ; mais l'épidémie ne sera terminée que lorsque le nombre de nouveaux cas sera nul et nous n'y sommes pas encore.
Cependant, les patients ayant des signes évocateurs de COVID-19 ne sont dorénavant plus systématiquement classés et confirmés par un test biologique. Le nombre réel de cas de COVID-19 en France est donc certainement supérieur au nombre de cas confirmés.
 
Dans les établissements sociaux et médico-sociaux
Dans les établissements sociaux et médico-sociaux, il y a eu 69 845 cas de COVID-19 depuis fin mars. Et plus de 37 000 membres du personnel de ces établissements ont été contaminés.
Entre le 1er mars 2020 et et le 28 avril, il y a eu 6 612 signalements d'un épisode concernant un ou plusieurs cas liés à la COVID-19. Il s'agissait de 4 367 (66 %) signalements d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (EHPAD, EHPA et autres établissements) et de 2 245 (34 %) signalements provenant d'autres établissements médico-sociaux (EMS).
Les 6 612 signalements correspondaient à un total de 69 845 cas de COVID-19 (dont 30 972 cas confirmés – 44 %), parmi lesquels 8 876 sont décédés dans ces établissements et 3 091 après un transfert dans un hôpital (comptés dans les statistiques des hôpitaux). Ainsi, la proportion de décès à l'hôpital rapportée au nombre de décès total est de 36 %.
Il est remarquable que, en plus de ces chiffres, 37 066 cas de COVID-19 ont été rapportés parmi le personnel des établissements sociaux et médico-sociaux, 16 659 (45 %) cas ayant été confirmés.
 
Hospitalisations et admissions en réanimation en baisse et retours à domicile en augmentation
Le 28 avril 2020, 27 484 cas de COVID-19 étaient hospitalisés en France, dont 4 387 dans un service de réanimation.
Le nombre de nouvelles hospitalisations a encore diminué au cours de la semaine 17 : 9 205 cas versus 12 344 en semaine 16, 19 056 en semaine 15, et 23 768 en semaine 14.
En semaine 17, le nombre de nouvelles admissions en réanimation a également baissé : 1 117 cas versus 1 642 en semaine 16, 2 753 en semaine 15 et 4 495 en semaine 14.
Au 29 avril, le nombre de lits occupés en réanimation est passé de 7 148 (valeur maximale constatée le 8 avril) à 4 207, soit une baisse de presque 3 000 lits.
Du 1er mars au 28 avril, 89 818 patients ont été hospitalisés (âge médian de 71 ans) et 14 810 sont décédés dans les hôpitaux (71 % étaient âgés de 75 ans et plus).
Au 29 avril, 48 228 patients étaient retournés chez eux.
  
Surveillance de la mortalité
  • En temps réel, la mortalité est principalement relevée lors d'une hospitalisation et en Ehpa et autres EMS
 Les estimations de la mortalité spécifique à la COVID-19 s'appuient sur le nombre des patients décédés lors d'une hospitalisation et le nombre de résidents décédés dans les établissements sociaux et médico-sociaux (hors hospitalisation).
Entre le 1er mars et le 29 avril 2020, 24 087 décès de patients COVID-19 ont été rapportés à Santé publique France : 15 053 décès sont survenus au cours d'une hospitalisation et 9 034 décès chez des résidents en Ehpa et autres EMS ; 93 % des patients atteints de COVID-19 décédés étaient âgés de 65 ans ou plus.
Le nombre de décès survenus au cours d'une hospitalisation, de même qu'en Ehpa et autres EMS a diminué à nouveau en semaine 17 : 2 520 versus 3 936 en semaine 16, 5 710 en semaine 15 et 7 707 en semaine 14. Le nombre de décès n'était que de 2 807 en semaine 13 (27 mars au 2 avril), époque où les décès des Ehpa et autres EMS n'avaient pas encore été pris en compte.
Une décrue nette du nombre de décès est donc enfin amorcée.
 
  • Une autre source d'information est la mortalité issue de la certification électronique des décès 
Parmi les certificats de décès rédigés par voie électronique et transmis à Santé publique France depuis le 1er mars 2020, 7 545 décès contenaient une mention de COVID-19 parmi les causes médicales de décès renseignées.
L'âge médian au décès était de 84 ans et 75 % avaient 75 ans et plus.
Les hommes représentaient 55% de ces décès.
Les régions Île-de-France et Grand Est comptabilisaient le plus grand nombre de décès.
Des comorbidités ont été renseignées dans 4 972 décès, soit 66 % des certificats de décès.
Parmi ces décès, une mention d'hypertension artérielle était indiquée dans 26 % des certificats et 38 % des certificats contenaient une mention de comorbidité cardiaque.
Sur l'ensemble des décès certifiés électroniquement, 2,5% des personnes décédées ne présentaient pas de comorbidité et étaient âgées de moins de 65 ans.
 
Lorsqu'il faudra faire le bilan de la mortalité totale, on devra prendre en compte l'excès de mortalité durant l'épidémie. C'est à ce moment que seront insérées les données de la mortalité toutes causes
Au cours des semaines 12 à 15 (du 16 mars au 12 avril), la mortalité nationale toutes causes confondues était significativement supérieure à la mortalité attendue sur cette période : + 17 % en semaine 12, + 36 % en semaine 13, + 61 % en semaine 14.
Les personnes âgées de 65 ans ou plus étaient majoritairement concernées par cette hausse de la mortalité toutes causes (+ 18 % en semaine 12, + 39 % en semaine 13 et + 67 % en semaine 14).
Il est probable que l'élévation de la mortalité observée soit liée à l'épidémie de COVID-19, sans qu'il soit possible, à ce jour, d'en estimer précisément la part attribuable.
Ce n'est qu'après l'analyse complète qu'on pourra déterminer la mortalité réelle due à l'épidémie de COVID-19.
 
Synthèse des données recueillies au cours de la semaine 17 (du 13 au 28 avril 2020)
• La diminution des consultations et des visites pour COVID-19 (données issues du réseau sentinelle, de SOS Médecins et des urgences hospitalières) s'est confirmée : leur nombre a été divisé par quatre depuis le début du mois d'avril et témoigne d'une baisse des nouvelles contaminations. Ce que confirment les données épidémiologiques avec un R0 qui serait passé en dessous de 1.
• Le nombre de nouveaux cas confirmés par jour est devenu un paramètre essentiel du suivi de l'épidémie. Les nouveaux cas quotidiens sont en dessous de 2 000 depuis le 22 avril : il reste à souhaiter que cette baisse se pérennise et se renforce.
• On constate une diminution des nouvelles hospitalisations et des nouvelles admissions en réanimation de patients COVID-19.
• Après une stabilisation, à un niveau élevé, du nombre de patients hospitalisés en réanimation, la baisse se poursuit. Du 8 au 23 avril le nombre de lits de réanimation occupés par des patients atteints de COVID-19 a diminué de près de 3 000.
• Un excès de la mortalité toutes causes est observé au niveau national et est particulièrement marqué depuis la semaine 13 dans les régions Grand Est et Île-de-France. La part de la mortalité attribuable à l'épidémie de COVID-19 reste cependant à déterminer.
Les enfants sont peu concernés par cette épidémie et représentent moins de 1 % des patients hospitalisés et des décès.
Les personnes âgées de 65 ans et plus sont, en revanche, fortement touchées par cette épidémie : elles représentent 72 % des patients hospitalisés et plus de 93 % des décès.
Les patients présentant des comorbidités sont également fortement concernés et représentent 79 % des patients hospitalisés en réanimation et au moins 81 % des décès.
 
En conclusion, six semaines après le début du confinement, les résultats reflètent l'impact positif des mesures de contrôle de l'épidémie. Ils confirment la diminution des nouvelles contaminations en France et mettent en évidence la baisse des nouvelles hospitalisations et des nouvelles admissions en réanimation pour COVID-19.
Pour finir d'une façon encore plus positive, l'évolution a été favorable pour la majorité des patients hospitalisés et, au 30 avril, près de 50 000 personnes étaient retournées à leur domicile à la sortie de l'hôpital.

©vidal.fr

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Commentaires

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Gwada Il y a 3 ans 0 commentaire associé
Deux remarques: - l'indicateur "nombre de nouveaux cas confirmés" ne tient pas compte des cas nombreux diagnostiqués médicalement avec symptômes évocateurs et RT-PCR négative ou non réalisée - risque de faux rebond ultérieur de cet indicateur avec le rattrapage de diagnostics par tests sérologiques. En fait, les tests sérologiques devraient être faits à postériori chez tous les patients diagnostiqués et non confirmés par RT-PCR, avec rappel par les médecins.
ezytant Il y a 3 ans 0 commentaire associé
dans quel état, ces 50000 personnes sont-elles rentrées chez elles, avec quelles séquelles notamment en post réa. En effet, les structures libérales sont loin d'être au niveau pour leur prise en charge en termes qualitatifs.
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