#Santé publique

Des vaccinations ont pris du retard pendant la pandémie : il faut rattraper le calendrier !

En limitant les consultations médicales, le confinement a eu pour conséquence une baisse très importante des vaccinations et, notamment, de celles qui sont obligatoires chez le jeune enfant.
Or celles-ci doivent impérativement être maintenues, sous peine d'une résurgence d'infections parfois graves. Après l'âge de 2 ans et a fortiori chez l'adulte, les vaccinations peuvent être, sauf exception, différées, mais pas oubliées !  
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COVID-19 : vaccinations maintenues ou différées selon l'âge (illustration).

COVID-19 : vaccinations maintenues ou différées selon l'âge (illustration).


Les vaccinations assurent une sécurité individuelle et collective : c'est un impératif de santé publique.
Dès les premiers jours d'avril 2020, la Haute Autorité de Santé (HAS) a communiqué en faveur du maintien primordial de l'ensemble des vaccinations obligatoires des nourrissons à 2, 4, 5, 11, 12 et 16-18 mois. Un retard dans ces vaccinations expose en effet les nourrissons à des conséquences sanitaires graves. On pense à la coqueluche, aux infections bactériennes invasives (septicémies et méningites) à Haemophilus influenzae b, au méningocoque et au pneumocoque. Et un peu plus tard à la rougeole.
En revanche, la HAS a estimé que les autres vaccinations recommandées en population générale au-delà de l'âge de 2 ans pouvaient être différées jusqu'à la levée des mesures de confinement. Sauf en situation de maladies contagieuses pour lesquelles une prévention par la vaccination, autour de cas ou en post-exposition, est indiquée (rougeole, méningite, coqueluche, varicelle, etc.).
Il est en effet acquis que l'extension de l'obligation vaccinale contre 11 maladies pour les enfants nés depuis le 1er janvier 2018 a nettement amélioré la couverture vaccinale des nourrissons, en particulier contre les méningites à pneumocoque et méningocoque C, et également contre la rougeole et même les papillomavirus, dont le vaccin n'est pourtant pas concerné par l'obligation.
 
Un arrêt brutal des vaccinations lié au confinement
Cette évolution bénéfique a subi un coup d'arrêt brutal avec le confinement et la France est loin d'être la seule touchée.
Le 20 avril 2020, l'OMS/Unicef s'inquiétaient de la suspension ou du report des campagnes de vaccination contre la rougeole dans 24 pays et du probable arrêt des campagnes prévues plus tard dans 13 autres pays, laissant un réservoir potentiel de 117 millions d'enfants non protégés contre cette maladie, dont le taux de reproduction (le fameux R0) est de 18 à 20… À l'origine d'environ 150 000 décès chaque année dans le monde.
 
Une situation moins alarmante en France, mais…
Bien évidemment, nous sommes loin de cette situation en France. Mais la consommation de vaccins, évaluée par les données de remboursement de l'assurance maladie (rapport 2, ANSM), est en très forte baisse. Au 19 avril, elle était ainsi de - 35 % pour les vaccins penta/hexavalents des nourrissons (Figure 1), - 67 % pour les vaccins anti-papillomavirus (Figure 2), - 43 % pour les vaccins rougeole-oreillons-rubéole (ROR) et - 71 % pour le vaccin antitétanique.
Le nombre de vaccins non réalisés sur l'ensemble des 5 semaines de confinement et à rattraper concerne ainsi 77 000 nourrissons de 3 à 18 mois pour les vaccins multivalents, 59 000 adolescentes pour les vaccins anti-papillomavirus, 93 000 enfants pour les vaccins ROR et 285 000 pour les vaccins antitétaniques (et anticoquelucheux) destinés aux rappels des enfants, adolescents et adultes. 

 
Figure 1 - Effectif par semaine des nourrissons ayant eu une délivrance sur ordonnance d'un vaccin combiné pentavalent ou hexavalent durant les 16 premières semaines de 2018, 2019 et 2020 (données régime général stricto sensu)
 
Figure 2 - Effectif par semaine des patients de 0-19 ans ayant eu une délivrance sur ordonnance d'un vaccin anti-HPV durant les 16 premières semaines de 2018, 2019 et 2020 (données régime général stricto sensu)

Les États-Unis, confrontés aux mêmes circonstances, ont enregistré, au bout d'un mois, une certaine reprise des vaccinations du nourrisson avec, cependant, une couverture vaccinale des enfants contre la rougeole qui reste extrêmement basse.
 
Rattraper les vaccinations au plus tôt
À la suite du rapport de l'ANSM s'appuyant sur les données de l'Assurance maladie, le confinement strict s'est poursuivi encore pendant trois semaines en France. Le 28 avril, c'est alors au tour de l'Académie nationale de médecine de recommander de rattraper au plus tôt les retards de vaccination qui se sont ainsi accumulés, en priorité ceux des nourrissons.
Ce rattrapage demandera probablement plusieurs mois pendant lesquels une augmentation de l'incidence d'infections potentiellement graves est à redouter.
Toutefois, la vaccination des nourrissons doit pouvoir se faire en toute sécurité, en respectant les mesures barrières, afin de protéger les professionnels de santé, les nourrissons et leur famille : espacement des consultations, accueil de l'enfant avec un seul parent, aération des locaux, renforcement des mesures d'hygiène, etc. Le respect de ces mesures est facilité par une moindre affluence de patients dans les cabinets médicaux que d'habitude, car les patients évitent de s'y rendre, et le développement important des téléconsultations.
 
Les vaccinations à l'heure de la COVID-19 en deux messages
  1. Rattraper aussi rapidement que possible le calendrier vaccinal des nourrissons qui, incontestablement, a subi des retards.
  2. Même si au-delà de 2 ans l'urgence est moins grande, ne pas oublier d'actualiser la couverture vaccinale et, chez l'adulte, de ne pas remettre à "très longtemps" des vaccinations indispensables. Pour exemple, il a été constaté une baisse de 71 % du recours aux vaccins contenant la valence tétanique : c'est énorme ! Le tétanos est rare, mais il existe toujours et c'est une maladie grave.

 ©vidal.fr

Pour en savoir plus

 

Sources

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