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Voyage et santé : nouvelle édition des recommandations sanitaires aux voyageurs

Malgré un contexte sanitaire mondial perturbé, le HCSP (Haut Conseil de la Santé publique) a publié l'actualisation annuelle de ses recommandations sanitaires aux voyageurs, dans un BEH (bulletin épidémiologique hebdomadaire) exceptionnel du 19 mai 2020. 

Ces recommandations constituent un référentiel de 90 pages, dans lesquels les professionnels de santé trouvent des éléments validés pour accompagner leurs patients devant se rendre à l'étranger et leur fournir des conseils appropriés : 
  • prévention des maladies par une vaccination adaptée, 
  • état des lieux et recommandations vis-à-vis de pathologies telles que le paludisme, ou les maladies liées aux arthropodes,
  • recommandations relatives aux risques liés à l'environnement (chaleur, transport, activités, comportements individuels) ou au profil du voyageur (malade chronique, enfant, femme enceinte, etc.).

Parmi les modifications apportées à cette édition 2020, on peut noter : 
  • une mise à jour des protocoles de chimioprophylaxie contre le paludisme en fonction de la zone de séjour, notamment en ce qui concerne l'utilisation de la chloroquine,
  • une mise en garde contre les préparations à base d'artemisia dans le cadre de prophylaxie du paludisme, 
  • l'ajout d'une carte épidémiologique de la rage, 
  • l'introduction de recommandations pour les femmes enceintes ou qui allaitent. 
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 Le taux de voyageurs malades varie de 15 % à 70 % selon les études, en fonction du type de voyage, des destinations et des conditions de séjour (illustration).

Le taux de voyageurs malades varie de 15 % à 70 % selon les études, en fonction du type de voyage, des destinations et des conditions de séjour (illustration).


Paludisme : focus sur les protocoles de chimioprophylaxie et mise en garde contre des pratiques non évaluées
Les médicaments utilisables en chimioprophylaxie du paludisme (CPAP) sont listés dans un tableau, où sont par ailleurs précisées les présentations, les posologies chez l'enfant et chez l'adulte, ainsi que les modalités de prise en charge (Tableau 5, page 32). 
Il est complété par un autre tableau, où sont détaillés les protocoles recommandés par zone, et selon le type de séjour (durée, saison, format) [Tableau 6, pages 35 à 47]. 

Les auteurs soulignent les précautions d'emploi de la chloroquine
  • pas d'utilisation chez la femme enceinte ou qui allaite, sauf en l'absence d'alternative plus sûre, 
  • mise en place d'une contraception chez les hommes et les femmes en âge de procréer pendant le traitement et jusqu'à 8 mois après l'arrêt du traitement, 
  • mise en garde contre la toxicité cardiaque associée à la chloroquine. 
La chloroquine doit être réservée aux rares indications de CPAP dans la zone Amérique tropicale/Caraïbes (absence de résistance).
L'association chloroquine-proguanil dispose toujours d'une AMM mais n'est toutefois plus recommandée en raison de son efficacité limitée.

 
  • Artemisia annua : aucune recommandation à ce jour
En page 33 de ce document, un encadré est consacré à l'artemisia (Artemisia annua, ou armoise annuelle), plante faisant l'objet d'une promotion croissante en France et en Afrique pour la prévention et le traitement du paludisme. 
Selon les auteurs, on observe une consommation croissante par les voyageurs de compléments alimentaires à base d'artémisinine ou de plantes sèches d'Artemisia annua sous forme de tisane ou de gélule, en prophylaxie antipaludique.


Une certaine confusion avec les médicaments à base de dérivés synthétiques d'artémisine (cf. VIDAL Reco "Paludisme : traitement"), recommandés et utilisés dans le traitement du paludisme et faisant l'objet d'une AMM européenne, est entretenue par les promoteurs de ces compléments alimentaires et produits de phytothérapie à base d'artemisia. 

Ces compléments alimentaires et produits de phytothérapie n'ont pas fait la preuve de leur efficacité ni de leur sécurité ; ils exposent également à un risque de retard de prise en charge et de paludisme grave chez les voyageurs utilisant ces produits.

La rage dans le monde : introduction d'une carte des zones endémiques
Dans le chapitre "vaccination", les auteurs ont souhaité introduire une carte du monde (source OMS, 2016) précisant les zones d'endémicité de la rage canine et de la rage humaine à transmission canine (page 24).
Sept catégories de zones sont ainsi définies : 
  • les zones d'endémie de la rage humaine transmise par les chiens : il s'agit de la quasi-totalité du continent africain, et du continent asiatique (à l'exception de la Russie) ;
  • les zones d'endémie de rage canine (sans cas de rage humaine transmise par les chiens) ;
  • les zones faisant état de cas sporadiques de rage transmise par les chiens (Brésil, Russie) ;
  • les zones où la rage canine est maîtrisée (quelques cas rapportés dans des zones limitées) ; 
  • les zones où la rage canine est absente (Australie, Europe, Amérique du Nord) ;
  • et les zones pour lesquelles on ne dispose pas d'informations.

Grossesse, allaitement et voyage
Dans la partie relative aux personnes à risque, les auteurs consacrent plusieurs pages à l'accompagnement des femmes enceintes ou allaitantes, qui doivent séjourner à l'étranger (pages 70 à 76) : 
  • conseils avant le voyage, 
  • précautions à respecter selon le mode de transport, 
  • point sur les vaccinations, 
  • protection contre les moustiques et autres arthropodes, 
  • prises de médicaments (paludisme, diarrhées, etc.).

COVID-19 et voyage : des enseignements pour les prochaines recommandations
S'il est trop tôt pour dresser un état des lieux de la pandémie de COVID-19 et élaborer des recommandations propres au virus SARS-CoV-2, les auteurs des recommandations sanitaires aux voyageurs ont d'ores et déjà introduit un paragraphe sur les mesures de prévention d'infections graves à transmission directe dans lequel ils rappellent (page 80) : 
  • l'importance des gestes barrières, notamment le lavage des mains (eau et savon, soluté hydro-alcoolique) en présence d'une suspicion d'infection chez un patient ayant séjourné à l'étranger ;
  • la nécessité de respecter une distance physique ;
  • le principe de protection individuelle des intervenants auprès du patient, notamment par le port de masques (FFP2), de lunettes de protection, de surblouses, etc.
  • le signalement d'un cas suspect auprès de l'ARS (Agence régionale de santé). 

Pour aller plus loin
Recommandations sanitaires pour les voyageurs 2020, à l'attention des professionnels de santé (BEH, 19 mai 2020)
Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2020 (ministère de la Santé, mars 2020)

 

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