La rougeole en France : une circulation virale toujours très basse

Santé Publique France a publié les données de surveillance épidémiologique de la rougeole pour 2022 [1]. Comme en 2021, l'Agence de santé publique note « une circulation virale quasi-inexistante du virus de la rougeole ». Le même phénomène est rapporté dans la majorité des pays européens. 

Des cas sporadiques sans transmission secondaire

Au total, 15 cas ont été déclarés en 2022 en métropole [2], contre respectivement 16, 240 et 2 636 cas au cours des années 2021, 2020 et 2019 ; aucun n'a été déclaré dans les territoires d'outre-mer.

Parmi les 15 cas déclarés :

• 10 étaient autochtones, soit un taux de déclaration de 0,01 cas/100 000 habitants ; 
• 5 étaient importés au retour d’un séjour sur le continent africain.

Tous les cas sont survenus de façon sporadique au cours de l’année et aucune transmission secondaire n’a été rapportée, à l’exception d’une transmission materno-fœtale. 

Ils ont tous eu une évolution favorable, mais  :

• 2 cas ont présenté une pneumopathie ;
• 5 cas ont été hospitalisés, mais aucun en service de réanimation ;
• il n'y pas eu de décès. 

Un taux de déclaration plus élevé en pédiatrie, en l'absence de vaccination

Santé publique France note que « le taux de déclaration le plus élevé observé concerne toujours les enfants âgés de moins de 1 an », de 0,44 cas/100 000. 

Les données confirment par ailleurs le haut niveau de protection vaccinale. Parmi les 6 cas autochtones et éligibles à la vaccination (âgés de ≥ 1 an et nés depuis 1980), un seul âgé de 3 ans avait reçu 2 doses de vaccin.

Une couverture vaccinale en hausse et un niveau d'immunité élevé

En France, la baisse de la circulation du virus de la rougeole est flagrante depuis 2020 ; le nombre de cas a été divisé par 10 entre 2019 et 2020. Le confinement instauré entre mars et mai 2020 et les autres mesures barrières recommandées (distanciation, gestes barrières, port du masque, couvre-feu) ont probablement contribué à limiter la circulation virale.

Cependant, cette baisse s'est maintenue en 2021 et 2022. Pour l'Agence de Santé publique, « l’absence de reprise de circulation active du virus de la rougeole, au contraire des autres virus respiratoires hivernaux, est très vraisemblablement liée à l’augmentation du niveau d’immunité de la population qui tendrait à s’approcher du seuil d’immunité de groupe ».

Deux facteurs peuvent expliquer ce niveau d’immunité très élevé :

• l’amélioration constatée de la couverture vaccinale contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) : cette vaccination selon un schéma à 2 doses est obligatoire chez les nourrissons nés depuis 2018 (cf. Encadré) ;
• l’immunité acquise au cours des dernières épidémies.

Une maladie éradicable à éradiquer

L'éradication de la rougeole à court terme est un objectif fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La vaccination (primo-vaccination et rattrapage vaccinal) et la surveillance épidémiologique restent les principaux leviers d'action.

Rappelons que cette infection virale hautement contagieuse peut être notamment responsable de pneumopathies et d'encéphalites pouvant être mortelles. 

En France, la couverture vaccinale par le ROR à l’âge de 2 ans s'est largement améliorée à la suite de la décision de rendre cette vaccination obligatoire chez le nourrisson, à partir de 2018 (cf. Illustration [2]).

Illustration - Évolution des couvertures vaccinales (cf. Figure 6 de [2])

Cependant, « l’objectif d’une couverture vaccinale de 95 % à 2 doses n’est pas encore atteint et il persiste des populations insuffisamment vaccinées, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes ou encore au sein de populations particulières éloignées du système de santé », rappelle Santé publique France.

Au niveau mondial [3], l'OMS a mis en garde contre le recul de la vaccination infantile observé depuis 2020. En 2021, seuls 8 enfants sur 10 avaient reçu une première dose et 7 sur 10 avaient reçu les 2 doses, soit 40 millions d'enfants exposés à cette maladie potentiellement grave.