#Médicaments #Bon usage

Kétamine : atteintes hépatiques et uronéphrologiques en hausse 

Le recours croissant à la kétamine, dans un cadre médical ou non médical (récréatif), s'accompagne d'une augmentation des signalements de pharmacovigilance. L'ANSM rappelle le profil de toxicité de la kétamine et les règles de bon usage à respecter. 

David Paitraud 05 septembre 2023 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Une surveillance spécifique en cas de prises répétées ou prolongées.

Une surveillance spécifique en cas de prises répétées ou prolongées.

Les réseaux français de pharmacovigilance et d'addictovigilance (CRPV et CEIP-A) rapportent :

  • une augmentation globale du recours à la kétamine (cf. Encadré), dans un cadre médical ou dans des situations de consommation illégale ;
  • une augmentation des signalements d'effets indésirables hépatiques et uronéphrologiques.

Par ailleurs, des erreurs médicamenteuses par confusion entre les différents dosages des médicaments à base de kétamine sont régulièrement signalées.

Dans ce contexte, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et les laboratoires concernés rappellent [1, 2, 3] :

  • les règles de bon usage de la kétamine et les éléments à surveiller chez les patients exposés ;
  • l'importance de vérifier les concentrations figurant sur les ampoules lors de la préparation des solutions de perfusion. Pour mémoire, le laboratoire Renaudin a modifié l'étiquetage en 2021 pour réduire ce risque d'erreur (cf. notre article du 11 mars 2021). 
Encadré - La kétamine en France

La kétamine entre dans la formulation de spécialités injectables hospitalières (Aguettant, Panpharma, Renaudin) indiquées en anesthésie générale.

En France, la kétamine est un stupéfiant dont la prescription est limitée à 28 jours, rédigée en toutes lettres sur ordonnance sécurisée. 
La kétamine est réservée à l'usage hospitalier ; elle peut être administrée par tout médecin spécialisé en anesthésie-réanimation ou en médecine d'urgence dans les cas où ils interviennent en situation d'urgence ou dans le cadre d'une structure d'assistance médicale mobile ou de rapatriement sanitaire (article R.5121-96 du Code de la santé publique).

Une utilisation croissante comme antalgique ou pour une consommation récréative

Dans le cadre médical, les indicateurs montrent une augmentation globale du recours à la kétamine en utilisation prolongée pour le traitement des douleurs chroniques, dont celles de la fibromyalgie. L'usage de la kétamine en analgésie est hors autorisation de mise sur le marché (hors AMM), mais il est validé et encadré par des recommandations. Dans celles émises en 2020 [4], la Haute Autorité de santé (HAS) indique que « l'utilisation (hors AMM) de la kétamine est possible comme coantalgique en association à un traitement opioïde lorsque celui-ci est insuffisant ou mal toléré dans le traitement des douleurs rebelles, liées ou non au cancer ».

La consommation illégale de la kétamine est également en augmentation dans le cadre récréatif, dans un contexte festif ou dans le cadre de chemsex (sexe sous drogues).

Un profil de toxicité accentué par le mésusage

Parallèlement à l'accroissement du recours à la kétamine, les données de pharmacovigilance montrent une augmentation du nombre d'atteintes hépatiques et uronéphrologiques graves, après utilisation prolongée ou répétée de ce médicament : 

  • des atteintes hépatobiliaires (à type de cholestase ou de cholangite). Ce risque a déjà fait l'objet d'une alerte en 2017 (cf. notre article du 22 juin 2017) ;
  • des atteintes uronéphrologiques de type cystite non infectieuse, cystite interstitielle, insuffisance rénale aiguë ou hydronéphrose (atteinte du rein liée à une rétention d’urine).

Outre l'augmentation du risque d'effets indésirables, l’utilisation prolongée et/ou répétée de kétamine expose à un risque de pharmacodépendance. 

Les éléments de bon usage de la kétamine 

L'ANSM rappelle aux professionnels de santé les éléments de bon usage de la kétamine, et de surveillance des patients en cas de prise répétée ou prolongée : 

  • respecter les posologies préconisées ;
  • limiter l’exposition dans le temps ;
  • surveiller la fonction hépatique de façon rapprochée (bilan hépatique complet : transaminases, GGT, PAL et bilirubine) en cas de prise répétée ou prolongée ;
  • surveiller la fonction rénale et la cytologie urinaire de façon rapprochée en cas de prise répétée ou prolongée. La survenue d'une hématurie ou de douleurs pelviennes constitue un symptôme d'appel pour le dépistage d'une atteinte du tractus urinaire.

À l'inverse, une atteinte hépatobiliaire et/ou uronéphrologique peut faire évoquer un usage répété de kétamine.

En cas de perturbation du bilan hépatique ou uronéphrologique, l'arrêt du traitement doit être envisagé. Le patient peut être orienté vers un addictologue si un usage détourné ou une pratique addictive sont identifiés.

En cas de traitement à domicile, compte tenu du potentiel risque d’abus et d’usage détourné de la kétamine, il est recommandé aux patients ou aux soignants qui interviennent : 

  • de stocker les ampoules dans un lieu fermé à clé, sûr et sécurisé, auquel d’autres personnes ne peuvent accéder ;
  • de rapporter à la pharmacie hospitalière ou à la pharmacie d’officine toutes les ampoules de kétamine non utilisées.

 

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