#Santé

Un lien entre dépression sous pilule et dépression du post-partum ?

La survenue d’une dépression dans les premiers mois suivant la prise d’une contraception orale pourrait être un indicateur de risque de dépression du post-partum.

Isabelle Hoppenot 21 septembre 2023 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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En post-partum, une femme sur six souffre de dépression.

En post-partum, une femme sur six souffre de dépression.

Résumé

Le risque de dépression est deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes avec, pour un certain nombre d’entre elles, une probable influence hormonale.

Une vaste étude de cohorte danoise fait le lien entre la survenue d’une dépression dans les 6 mois suivant la prise d’une contraception hormonale et celle d’une dépression du post-partum (DPP) ultérieure, en montrant un risque accru de DPP de 35 % en cas de tels antécédents.

Cette donnée pourrait permettre la mise en place de mesures préventives, voire thérapeutiques, personnalisées.

La dépression est deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, l’écart se creusant dès le début de l’adolescence et la survenue des premières règles. Les étapes de la vie hormonale peuvent être marquées par une susceptibilité plus importante à la dépression : trouble dysphorique prémenstruel, dépression du post-partum (DPP), dépression lors de la périmémopause et dépression à l’initiation d’une contraception hormonale. 

Un constat qui suggère un possible rôle des hormones féminines dans la survenue d’un syndrome dépressif, tout du moins dans un sous-groupe de femmes.

Une étude de cohorte danoise

La littérature sur les liens entre ces différents types d’épisodes dépressifs est toutefois assez pauvre, ce qui a conduit une équipe danoise à évaluer le risque de DPP selon que les femmes avaient eu un épisode dépressif antérieur lié ou non à la prise d’une contraception orale (CO).

Ce travail, dont les résultats sont publiés dans le JAMA Psychiatry [1], a été réalisé à partir des données du registre national suédois, qui a permis d'identifier 188 648 femmes nées après 1978 devenues mères pour la première fois entre le 1er janvier 1996 et le 30 juin 2017, et qui répondaient aux critères d’inclusion, dont la prise d’une CO.

Parmi elles :

  • 3 % (soit 5 722) avaient un antécédent de dépression (ayant conduit à la prescription d’un antidépresseur ou dont le diagnostic avait été porté à l’hôpital) associée à la CO, définie par la survenue de l’épisode dans les 6 mois suivant le début de la contraception ;
  • 9,8 % (soit 18 431) un antécédent de dépression indépendant de la CO ;
  • 87,2 % aucun antécédent de dépression.

Les auteurs de l’étude soulignent que les femmes qui avait eu une dépression liée à la CO étaient plus susceptibles d’avoir présenté plus d’un épisode antérieur : 63,4 %, comparativement à 38,6 % de celles qui avaient eu une dépression sans lien avec la CO.

Un risque augmenté de 35 %

Au total, en prenant soin d’éliminer notamment les dépressions du 3e trimestre de la grossesse et celles pouvant être liées à une reprise précoce de la CO après l’accouchement, le diagnostic de DPP a été porté chez 2 457 femmes.

Après ajustement sur différents facteurs, le risque de DPP était augmenté de 35 % chez les femmes ayant un antécédent de dépression liée à la CO comparativement à celles ayant un antécédent de dépression sans lien avec la CO (Odds Ratio ajusté : 1,35 [IC95% : 1,17-1,56]). Ce surrisque atteignait même 41 % en prenant en compte la survenue d’un épisode dépressif survenant entre le 3e trimestre de la grossesse et les 6 mois post-partum (OR : 1,41 [IC95% : 1,23-1,60]).

Les auteurs précisent que les femmes qui n’avaient aucun antécédent dépressif avaient un risque de DPP réduit de 75 % comparativement à celles ayant eu une dépression sans lien avec la CO (OR : 0,25 [0,23-0,27]).

Contribution des variations hormonales à la dépression

Cette étude apporte ainsi de nouveaux arguments en faveur d’une contribution des variations hormonales à la dépression dans un sous-groupe de femmes. Les mécanismes en cause sont loin d’être établis, mais selon certains travaux antérieurs, des facteurs génétiques pourraient intervenir, via les voies impliquant les récepteurs aux estrogènes et la sérotonine. 

Mais surtout, ces résultats ouvrent des perspectives pour aider les cliniciens à mieux stratifier le risque de DPP et proposer des approches préventives et thérapeutiques plus personnalisées. Cela est d’autant plus important que la DPP est particulièrement fréquente, et concernerait en France, selon la dernière enquête nationale périnatale, une femme sur six [2].  

 

Sources

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