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Hiver 2023/2024 : un plan pour répondre aux besoins en médicaments de la population française

L'ANSM a dévoilé le plan hivernal pour sécuriser la couverture des besoins en produits de santé au cours des prochains mois. Les diverses mesures prévues s'appliquent à tous les acteurs de la chaîne du médicament : industriels, prescripteurs, dispensateurs et patients.

David Paitraud 05 octobre 2023 Image d'une montre7 minutes icon Ajouter un commentaire
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Trois phases principales : anticipation, veille saisonnière et déploiement des mesures. 

Trois phases principales : anticipation, veille saisonnière et déploiement des mesures. 

Résumé

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a dévoilé son plan visant à sécuriser la couverture des besoins en médicaments en période hivernale. 

Cette période est habituellement marquée par une forte activité épidémique et une augmentation des besoins en certains médicaments tels que le paracétamol ou les antibiotiques.
Au cours de la saison hivernale 2022/2023, l'approvisionnement de ces médicaments a été particulièrement perturbé, avec pour conséquence une difficulté d'accès aux traitements prescrits. 

L'objectif du plan hivernal de l'ANSM est d'anticiper et de limiter les tensions sur certains médicaments majeurs de l’hiver pour garantir aux patients une couverture de leurs besoins, en ville et à l'hôpital.

Il se décline en trois phases principales : 

  • phase préactivation : il s'agit d'une phase d'anticipation des éventuelles perturbations à partir des données des industriels et des données de terrain, et d'anticipation des mesures mobilisables si nécessaire ; 
  • niveau 1 : surveillance épidémiologique (selon les données de Santé publique France) et suivi des approvisionnements afin d'identifier une tension ou une rupture de médicaments ;
  • niveau 2 : déploiement des mesures adaptées à chaque situation : contingentement ou importation, recours à la préparation magistrale ou hospitalière, limitation des prescriptions, dispensation à l'unité, etc.

À l'issue de la saison hivernale, ce premier plan de sécurisation fera l'objet d'une évaluation. 

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a dévoilé son plan hivernal pour sécuriser la couverture des besoins en produits de santé (médicaments et dispositifs médicaux) au cours des prochains mois [1, 2]. 

Les enseignements de l'hiver 2022/2023

La période hivernale est marquée par une augmentation habituelle de l'incidence des pathologies hivernales telles que la grippe, la Covid-19 ou la bronchiolite, entraînant une augmentation de la consommation de certains médicaments, dont les antibiotiques et le paracétamol.  

Au cours de la précédente saison hivernale 2022/2023, la France s'est retrouvée confrontée à d'importants épisodes de tension, limitant l'accès aux médicaments alors que les besoins étaient élevés. 

Les perturbations ont particulièrement concerné les formes pédiatriques de paracétamol et d'amoxicilline ou d'amoxicilline/acide clavulanique, ainsi que les corticoïdes par voie orale (prednisone et prednisolone).

Pour chacun de ces médicaments, des mesures ont été mises en place au fil des semaines, afin de tenter de pallier les effets de cette pénurie : 

  • rappel du bon usage pour utiliser ces médicaments à bon escient ;
  • pour les antibiotiques : incitation à recourir aux tests d'orientation diagnostique (TROD) et à remettre une ordonnance de non-prescription ;
  • contingentement de la distribution et fermeture des canaux de vente directe ;
  • dispensation à l'unité ou limitation des unités délivrées (pour le paracétamol par exemple) ;
  • recours à la préparation magistrale.

Un plan pour anticiper et être réactif

Forte de cette expérience et pour éviter de revivre la situation de l'hiver 2022/2023, l'ANSM a souhaité organiser les actions à prévoir pour limiter les effets des prochaines pénuries. Le plan présenté début octobre vise deux objectifs majeurs : 

  • anticiper et limiter les tensions sur certains médicaments majeurs de l’hiver ;
  • sécuriser la couverture des besoins pour les patients, que ce soit en ville et à l'hôpital, en métropole ou en outre-mer ;
  • coordonner et piloter l'élaboration des mesures et l'action de tous les acteurs de la chaîne du médicament (industriels, grossistes, prescripteurs, pharmaciens, et patients).

Ce plan vise particulièrement les médicaments dont les tensions sont saisonnières du fait des variations de consommation : 

  • antibiotiques (amoxicilline / amoxicilline-acide clavulanique) ;
  • médicaments contre la fièvre (paracétamol) ;
  • corticoïdes administrés par voie orale (prednisone, prednisolone) ;
  • médicaments contre l’asthme : corticoïdes et bronchodilatateurs administrés par voie inhalée (fluticasone, salbutamol).

Ces médicaments font d'ores et déjà l'objet d'une surveillance renforcée (cfIllustration). La situation d'approvisionnement de ces médicaments (au niveau des industriels, des grossistes et des officines) est publiée chaque semaine sur le site de l'ANSM [3].   

Illustration - Extrait du tableau de bord sur l'approvisionnement de certains médicaments (ANSM)

Le plan de l'ANSM s'applique également aux dispositifs médicaux utilisés en réanimation et aux TROD.

En parallèle de ce plan, des actions de santé publique (campagne de vaccination contre la grippe et la Covid-19, campagne de prévention contre la bronchiolite à VRS) sont mises en place pour limiter les épidémies et leur impact sur le système de soins et sur la consommation de médicaments.

Trois indicateurs de suivi

Le plan repose principalement sur trois types d'indicateurs permettant d'apprécier une situation dans sa globalité (relation entre le besoin, la demande et l'offre) : 

  • évaluation du besoin et de la demande par les données épidémiologiques de Santé publique France : suivi du nombre de consultations médicales, suivi du nombre de passages aux urgences, du nombre d’hospitalisations pour certaines pathologies (Covid-19, grippe, bronchiolite, etc.).
  • évaluation de l'offre par :
    • les données de l’ANSM sur les approvisionnements : suivi des stocks et des approvisionnements des laboratoires, des grossistes-répartiteurs et des officines, suivi des ventes en pharmacie, etc. 
    • les données remontant du terrain : remontées des difficultés rencontrées par les professionnels de santé et les patients.

Une phase d'anticipation et deux niveaux d'activation

Le plan prévoit une phase d'anticipation et deux niveaux d'activation. 

Phase d'anticipation : un objectif double

Cette phase doit répondre à un double objectif :

  • anticiper d'éventuelles tensions ou ruptures (cf. Encadré 1) par : 
    • un suivi rapproché des stocks et des approvisionnements : les prévisions de stocks, d'approvisionnement et de ventes sont demandées avant l'été aux industriels. L'ANSM rappelle que les industriels doivent l'informer de toute difficulté perturbant la distribution ;
    • une surveillance étroite des difficultés remontées par les distributeurs et les pharmaciens d'officine ;
    • un suivi de la disponibilité en substances actives, en excipients ou en articles de conditionnement (flacons, blisters, cartonnage, etc.) ;
  • et anticiper les mesures de sécurisation à déployer si nécessaire (cf. Encadré 2) :
    • de bon usage ;
    • à destination des industriels et des distributeurs ;
    • à destination du prescripteur : élaboration d'arbres décisionnels et de protocoles de soins alternatifs ;
    • à destination du dispensateur : autoriser le pharmacien d'officine à remplacer un médicament par un autre en cas d'indisponibilité immédiate (selon l'exemple des recommandations relatives à la flécaïnide LP - cf. notre article du 5 septembre 2023 ou relatives aux corticoïdes - cf. notre article du 4 juillet 2023).
Encadré 1 - Leviers d'approvisionnement de médicaments (extrait de la page 12 du plan hivernal)
  • Prévention et anticipation des pénuries ;
  • suivi des stocks ;
  • flexibilité réglementaire ;
  • importation ;
  • stock de dépannage ;
  • mobilisation de préparations magistrales et hospitalières.

 

Encadré 2 - Leviers d'épargne de médicaments à activer selon chaque situation (extrait de la page 13 du plan hivernal)
  • Actions auprès des patients : messages de sensibilisation sur le bon usage des médicaments ;
  • actions auprès des industriels et de la distribution du médicament : contingentement, restriction, interdiction d'exportation ;
  • actions menées avec l'Assurance maladie : suivi des prescriptions ;
  • actions auprès des prescripteurs :
    • définir les options de remplacement et les alternatives thérapeutiques, 
    • mesures visant à limiter les prescriptions ;
  • actions auprès des dispensateurs : 
    • mesures pour limiter la dispensation (dispensation à l'unité, quotas de délivrance).

Niveau 1 d'activation : la veille saisonnière

Le niveau 1 d'activation du plan hivernal de l'ANSM repose sur la veille saisonnière en lien avec Santé Publique France. Ce stade de surveillance repose sur les indicateurs épidémiologiques et est activé avant l'identification de tension ou de ruptures d'approvisionnement.

Niveau 2 d'activation : le déploiement des mesures 

Le niveau 2 d'activation du plan hivernal consiste en la mise en place des mesures définies en phase d'anticipation, afin de répondre à une situation de tension globale identifiée. 

Ces mesures sont désactivées dès que la normalisation de la situation est confirmée. 

Un bilan pour relever les points à améliorer

À l'issue de cette période hivernale, l'ANSM prévoit de réaliser un bilan d'évaluation des mesures afin d'identifier les points à améliorer.

Le cas particulier de l'outre-mer

Pour l'outre-mer, l'ANSM relève que le plan de sécurisation de la couverture des besoins doit tenir compte des spécificités de ces territoires :

  • spécificités logistiques ;
  • décalage de la saison épidémique du fait de l'hiver austral ;
  • exposition à des épidémies et pathologies locales.

 

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