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Alerte de la DGS sur une hausse des infections respiratoires à Mycoplasma pneumoniae

Un DGS-urgent du 29 novembre 2023 signale une recrudescence des infections respiratoires à Mycoplasma pneumoniae et insiste sur plusieurs éléments de prise en charge.

Laurence Houdouin 30 novembre 2023 Image d'une montre6 minutes icon Ajouter un commentaire
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Les infections à Mycoplasma pneumoniae sont particulièrement élevées chez les enfants de 5 à 15 ans.

Les infections à Mycoplasma pneumoniae sont particulièrement élevées chez les enfants de 5 à 15 ans. undrey / iStock/ Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

La direction générale de la Santé (DGS) alerte les professionnels de santé sur une augmentation inhabituelle des cas d’infections respiratoires à Mycoplasma pneumonia et rappelle plusieurs points de vigilance.

  • Cette petite bactérie dite « atypique » se transmet de façon interhumaine par voie aérienne lors d’un contact étroit. L’incubation est de 1 à 3 semaines.
  • Mycoplasma pneumoniae entraîne des infections respiratoires en grande majorité bénignes et qui guérissent spontanément. Cependant, cette bactérie représente également la deuxième cause de pneumonie aiguë communautaire bactérienne après le pneumocoque et touche fréquemment les enfants de plus de 4 ans et les jeunes adultes.
  • Devant une pneumopathie d'allure bactérienne, le traitement de première intention reste l’amoxicilline ou l’association amoxicilline/ acide clavulanique en l’absence de signes d’emblée évocateurs d’une bactérie atypique comme Mycoplasma pneumoniae.
  • En cas d’échec à 48h/72h de l’antibiothérapie initiale, le diagnostic de Mycoplasma pneumoniae doit être évoqué (incitant à réaliser un changement de l’antibiothérapie).
  • Les gestes barrières restent d’actualité pour réduire les risques de transmission.

La direction générale de la Santé (DGS) alerte les professionnels de santé sur « une recrudescence inhabituelle des cas d’infections respiratoires à Mycoplasma pneumonia y compris des cas nécessitant une hospitalisation d’adultes et d’enfants en France » [1].

Zoom sur les passages aux urgences et les consultations de SOS médecin

Les investigations sont en faveur d'une augmentation des cas d’infections respiratoires à Mycoplasma pneumoniae depuis la fin de l’été, plus marquée depuis octobre 2023, avec une survenue accrue de pneumonies aiguës communautaires attribuées à ce germe.

Il n’existe pas de système de surveillance en France dédié aux infections à Mycoplasma pneumoniae. Ainsi, Santé publique France (SPF) s’appuie sur plusieurs sources de données [2] :

  • les passages aux urgences pour pneumopathies qui ont augmenté particulièrement chez les 6-15 ans et les 16 à 49 ans (réseau OSCOUR) ;
  • les actes médicaux pour pneumopathies du réseau SOS médecin ;
  • les détections par PCR de Mycoplasma pneumoniae qui ont triplé depuis début octobre 2023 (réseau de laboratoires hospitaliers RENAL).

Des infections respiratoires le plus souvent bénignes

La direction générale de la Santé (DGS) rappelle que cette petite bactérie dite « atypique » et dépourvue de paroi cellulaire (ce qui explique l’inefficacité des bêtalactamines) se transmet de façon interhumaine par voie aérienne par l’intermédiaire des gouttelettes respiratoires lors d’un contact étroit et que l’incubation est de 1 à 3 semaines.

Mycoplasma pneumoniae entraîne des infections respiratoires supérieures et inférieures dont la très grande majorité sont bénignes et guérissent spontanément :

  • rhinopharyngite ;
  • trachéobronchite ;
  • bronchite aiguë.

Deuxième cause de pneumonie aiguë communautaire bactérienne

Cette bactérie est toutefois la deuxième cause de pneumonie aiguë communautaire bactérienne après le pneumocoque [3] et touche fréquemment les enfants de plus de 4 ans et les jeunes adultes.

Ce diagnostic peut être évoqué en ville « tout particulièrement en présence de cas groupés en collectivité » et notamment si la pneumopathie est associée à :

  • des douleurs musculaires ;
  • des lésions dermatologiques (éruptions cutanées dans 10 % des cas, le plus souvent maculopapulaires) ;
  • une cytolyse hépatique.

Les manifestations extrapulmonaires sont fréquentes, présentes dans près d’un quart des cas des infections à M. pneumoniae [3]. Certaines sont inhabituelles et plus sévères :

  • cutanées (syndrome de Stevens-Johnson) ;
  • neurologiques (encéphalites) ;
  • hématologiques (anémie hémolytique, purpura thrombopénique…) ;
  • cardiaques (myocardites, péricardites).

Éléments de prise en charge

La radiographie de thorax peut orienter le diagnostic devant un aspect d’infiltrat pulmonaire interstitiel diffus bilatéral. Le scanner thoracique low-dose présenterait de meilleures performances dans cette indication. 

Si besoin, la confirmation du diagnostic d’infection à Mycoplasma pneumoniae se fait en milieu hospitalier par PCR* sur prélèvement respiratoire, pharyngé ou nasopharyngé et/ou par diagnostic sérologique.

La PCR multiplex permet un diagnostic précoce, mais n’est pas prise en charge actuellement en ambulatoire par l’Assurance maladie.

Les examens complémentaires dépendent de la gravité de la pneumonie et ne doivent pas retarder la mise en route d’un traitement probabiliste.  

L’antibiothérapie probabiliste de première intention d’une pneumopathie à Mycoplasma pneumoniae repose sur les macrolides, en monothérapie [1].

*Hors nomenclature et en référentiel des actes innovants hors nomenclature de biologie et d’anatomopathologie (RIHN).

Points de vigilance

La DGS insiste sur les points suivants :  

  • Ne doit pas être omise, en premier lieu, la recherche d’une pneumopathie virale due :
    • à la grippe,
    • à la Covid-19,
    • au virus respiratoire syncytial (VRS) ;
  • Devant une pneumopathie d'allure bactérienne, le traitement de première intention reste l’amoxicilline ou l’association amoxicilline/ acide clavulanique selon les recommandations habituelles, en l’absence de signes d’emblée évocateurs de bactérie atypique : 
    • début progressif,
    • signes extrarespiratoires,
    • état général conservé,
    • opacité non systématisée ;
  • Lors de la réévaluation clinique à 48-72 heures et en cas d’échec de l’antibiothérapie initiale :
    •  le diagnostic de Mycoplasma pneumoniae doit être évoqué (incitant à réaliser un changement de l’antibiothérapie),
    • après avoir réalisé une radiographie du thorax de contrôle, pour éliminer un épanchement pleural.

Enfin, SPF rappelle les gestes barrières à appliquer pour réduire les risques de transmission (cf. Encadré).

Encadré - Les gestes barrières
  • Porter un masque en cas de symptômes (rhume, fièvre, mal de gorge ou toux), dans les lieux fréquentés et en présence de personnes fragiles ; 
  • Se laver les mains fréquemment à l’eau et au savon ou avec une solution hydroalcoolique ; 
  • Aérer régulièrement le logement ;
  • Éternuer dans son coude (plutôt que dans ses mains) ;
  • Utiliser un mouchoir à usage unique.

La levée des mesures liées à la Covid-19 en cause ?

Cette augmentation des cas d’infections respiratoires à Mycoplasma pneumonia en France survient alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) signalait, il y a une semaine, une hausse des maladies respiratoires et des foyers de pneumonies chez les enfants en Chine et demandait des informations épidémiologiques et cliniques supplémentaires. Selon l’OMS, les autorités chinoises ont attribué cette augmentation des maladies respiratoires à la levée des restrictions liées à la Covid-19 et à la circulation d’agents pathogènes connus.

Comme le souligne SPF, plusieurs autres pays européens ont également rapporté récemment des augmentations d'infections à Mycoplasma pneumoniae (Suède, Pays-Bas, Norvège, Irlande).

À noter également que des pics épidémiques d’infections à Mycoplasma pneumoniae sont observés de manière cyclique tous les 3 à 7 ans et que plusieurs pays ont connu en Europe de telles épidémies sur la période 2015-2017 [2].

Devant ce signal, SPF poursuit les analyses. À suivre…

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