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Prophylaxie préexposition au VIH par TRUVADA : les généralistes s'emparent de la prescription

À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, EPI-PHARE a actualisé les données sur l'utilisation de la prophylaxie préexposition (PrEP) au VIH par TRUVADA jusqu'au 30 juin 2023. Les chiffres attestent d'une poursuite de la diffusion de la PrEP en France.

David Paitraud 05 décembre 2023 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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La diffusion de la PrEP à toutes les populations qui pourraient en bénéficier reste encore limitée.

La diffusion de la PrEP à toutes les populations qui pourraient en bénéficier reste encore limitée. Ole CNX / iStock Getty Images Plus / via Getty Images

Comme chaque année, le groupement d’intérêt scientifique GIS EPI-PHARE (ANSM-Cnam) propose un état des lieux [1] sur l’utilisation en France de la prophylaxie préexposition (PrEP) au VIH par TRUVADA ou ses génériques (cf. Encadré 1).

Encadré 1 - PrEP par TRUVADA et génériques

La PrEP est un traitement antiviral prophylactique destiné à réduire le risque d'infection par le VIH par voie sexuelle chez des sujets à haut risque de contamination (à partir de 12 ans) [cf. VIDAL Reco « VIH (infection par le) »], en association à des pratiques sexuelles à moindre risque.

La PrEP repose sur l'association emtricitabine/ténofovir disoproxil fumarate (TRUVADA 200 mg/245 mg comprimé pelliculé et génériques). 

Selon l'Autorisation de mise sur le marché (AMM) de TRUVADA, le schéma de prophylaxie est de 1 comprimé 1 fois par jour.

La prise en charge par l'Assurance maladie est de 100 % chez les patients de 15 ans et plus. 

Cette nouvelle analyse [2] inclut les données recueillies jusqu'au 30 juin 2023, soit une année supplémentaire par rapport à la précédente version (cf. notre article du 1er décembre 2022). 

EPI-PHARE utilise le système national des données de santé (SNDS) afin d’identifier et de décrire les personnes traitées par TRUVADA ou ses génériques pour une PrEP au VIH (cf. Encadré 2). Dans cette population, les auteurs distinguent le nombre : 

  • d'initiateurs ou initiatrices par mois (personnes en initiation de traitement) ;
  • total d'utilisateurs ou utilisatrices de PrEP par semestre, incluant les personnes en initiation et en renouvellement : ce nombre a été décliné par région et département. 

Les autres données prises en compte dans l'analyse EPI-PHARE sont : 

  • les caractéristiques sociodémographiques :
    • âge, sexe,
    • couverture complémentaire santé solidaire (CSS) ou aide médicale d'État (AME),
    • niveau d'accessibilité aux médecins généralistes,
    • taille de l'unité urbaine de la commune de résidence ;
  • les éléments de contrôle :
    • de la fonction rénale (avant et pendant le traitement),
    • comédication par des traitements néphrotoxiques (remboursables) ;
  • le profil des prescripteurs. 
Encadré 2 - Utilisateurs de la PrEP : critères d'inclusion à l'analyse EPI-PHARE

Personnes de 15 ans et plus ayant eu au moins un remboursement d’une boîte de TRUVADA ou génériques seul (c'est-à-dire non associé à d'autres antirétroviraux) entre le 1er janvier 2016 et le 30 juin 2023, et qui n’étaient pas infectées par le VIH à l’initiation de la prophylaxie (cf. page 6 du rapport EPI-PHARE).

Des initiations en constante progression en 2023

L'analyse montre une progression constante du recours à la PrEP en France des données : 

  • d'initiation :
    • de juillet 2022 à juin 2023 : plus de 20 000 nouvelles initiations (près de 1 700 initiations par mois en moyenne), soit une progression de 31 % des initiations en 1 an ;
    • au 30 juin 2023 : au total, depuis 2016 (date de la première analyse), 84 997 initiations contre 65 000 au 30 juin 2022 ; 
  • d'utilisation (initiation et renouvellement de la PrEP) : 52 802 personnes au total au premier semestre 2023, soit une progression de 24 % par rapport au premier semestre 2022 (augmentation de plus de 10 000 personnes).

Une diversification timide des utilisateurs

L'analyse EPI-PHARE indique une diffusion croissante de la PrEP en population française, qui reste cependant confidentielle par rapport à la population pouvant en bénéficier.

Les auteurs notent par ailleurs une amorce de diversification des profils d'utilisateurs. 

  • La lente diffusion de la PrEP aux groupes de population autres que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) des grandes métropoles s'est poursuivie tout en restant limitée. 
  • La part des utilisateurs résidant à Paris ou sa petite couronne et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) a poursuivi sa baisse au profit d’autres régions métropolitaines, de la grande couronne parisienne et des départements et régions d'outre-mer. 
  • Les initiations chez les femmes, les bénéficiaires de la CSS, et les personnes résidant en milieu semi-urbain ou rural ont progressé.

Cette diversification est encore cependant timide : « les utilisateurs de la PrEP restent encore principalement des hommes résidant en Île-de-France ou dans une grande métropole, parmi lesquels la proportion de personnes en situation de précarité est faible et le niveau d’accès aux soins primaires est plus élevé que pour la moyenne des Français », observent les auteurs.

Un contrôle de la fonction rénale en baisse

Conformément aux recommandations, l’initiation de la PrEP s’accompagne le plus souvent d’un contrôle de la fonction rénale. Toutefois, la fréquence de réalisation de ce contrôle tend à diminuer avec le temps atteignant seulement 61 % au premier semestre 2023 (versus 67 % de l’ensemble des utilisateurs ou utilisatrices entre le 1er janvier 2016 et le 30 juin 2023).

Les comédications par des traitements néphrotoxiques lors de la mise sous PrEP restent peu fréquentes et stables, atteignant 16 % au premier semestre 2023 (versus 17 % des utilisateurs ou utilisatrices sur l’ensemble de la période entre le 1er janvier 2016 et le 30 juin 2023).

Les médecins généralistes prescrivent de plus en plus la PrEP

Depuis le 1er juin 2021, l’initiation du traitement a été élargie à tous les prescripteurs, dont les médecins généralistes (cf. notre article du 1er juin 2021).

Deux ans après cet élargissement, les données montrent que les médecins généralistes initient de plus en plus des PrEP ; cette augmentation est continue.  

Les prescriptions de renouvellement de PrEP par des médecins libéraux sont également en hausse : de janvier à juin 2023, 42 % des prescriptions d’initiation et de renouvellement de PrEP ont été effectuées par des médecins libéraux, dont près de 90 % par des médecins généralistes.

 

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