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Stérilisation masculine et féminine en France : avantage à la vasectomie

Selon un rapport EPI-PHARE, le nombre de vasectomies réalisées en France a été multiplié par 15 en douze ans, entre 2010 et 2022. La stérilisation masculine est désormais davantage pratiquée que la stérilisation féminine. 

David Paitraud 15 février 2024 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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Près de 30 300 vasectomies ont été pratiquées en 2022 en France.

Près de 30 300 vasectomies ont été pratiquées en 2022 en France.Motortion / iStock/Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

Selon un rapport publié par EPI-PHARE à partir des données françaises du Système national des données de santé (SNDS), la vasectomie est la méthode de stérilisation la plus pratiquée en France : en 2022, elle devançait pour la première fois la stérilisation féminine, dont le nombre a été divisé par deux depuis 2013. 

Sur la période 2010-2022, le taux de pratique de la vasectomie a régulièrement progressé, passant de 9,8/100 000 hommes à 149,5/100 000 hommes. 

Ce rapport précise le profil des hommes ayant recours à la vasectomie :

  • moyenne d'âge de 41,7 ans ;
  • milieu social favorisé ;
  • taux les plus élevés dans les régions Pays de la Loire et Bretagne.

Enfin, selon ce même rapport, la vasectomie est désormais majoritairement réalisée en chirurgie ambulatoire et présente un profil de sécurité très positif. 

Le groupement d’intérêt scientifique en épidémiologie GIS EPI-PHARE (ANSM-Cnam) a publié un rapport [1, 2] dans lequel il présente un état des lieux du recours, en France, à la stérilisation masculine par vasectomie et à la stérilisation féminine par ligature des trompes et pose d'implants intratubaires. 

Selon la méthodologie habituelle, cette étude analyse un ensemble de données du Système national des données de santé (SNDS) sur la période 2010-2022 : 

  • actes remboursés de stérilisations réalisés en France auprès d’hommes et de femmes de 18 à 70 ans ;
  • évolution du nombre d'acte sur cette période ; 
  • pour les hommes ayant bénéficié d’une vasectomie : étude des profils à partir de leurs caractéristiques sociodémographiques et médicales (âge, département de résidence, année de la chirurgie, affiliation à la Complémentaire santé solidarité [C2S ou CSS], indice de défavorisation sociale, mode d’hospitalisation, antécédents et pathologies associées).  

Au total, sur la période 2010-2022, 109 544 vasectomies (cf. Encadré) et 398 080 stérilisations féminines ont été enregistrées.

Quinze fois plus de vasectomies depuis 2010

Selon le rapport EPI-PHARE, le nombre de vasectomies a fortement progressé depuis 2010 en France, avec une augmentation annuelle régulière ; il est passé de 1 940 en 2010 à 30 288 vasectomies en 2022.

L'incidence de la vasectomie est passée de 9,8 pour 100 000 hommes (de 20 à 70 ans) en 2010 à 149,5 pour 100 000 hommes en 2022.

Encadré - La vasectomie en bref

La vasectomie est une méthode contraceptive masculine efficace (indice de Pearl 0,1). Elle empêche le transport des spermatozoïdes par section et occlusion des canaux déférents.

Il s'agit d'une intervention chirurgicale courte, sans contre-indication absolue, réalisée sous anesthésie locale le plus souvent, et considérée comme sûre et efficace. Elle est désormais pratiquée majoritairement en chirurgie ambulatoire (99,2 % en 2022).

La vasectomie est autorisée en France depuis 2001 ; elle est prise en charge par l'Assurance maladie.

Ce mode de contraception masculine est considéré comme définitif. 

Une stérilisation féminine en chute libre

Sur la période 2013-2022, le nombre de stérilisations féminines par ligature des trompes ou pose d’implants a été divisé par deux. Il est passé de 45 138 stérilisations en 2013 à 20 325 en 2022, après une augmentation initiale entre 2010 et 2013.

Cette tendance peut en partie s’expliquer par l’arrêt de commercialisation des implants Essure en 2017 en raison des effets indésirables associés. Pour rappel, l’implant Essure était un dispositif de 4 cm de long, implanté dans les deux trompes de Fallope (stérilisation par hystéroscopie).

« Pour la première fois en France, en 2021 et 2022, il y a eu davantage de stérilisations masculines que de stérilisations féminines. En 2022, trois stérilisations masculines ont été pratiquées pour deux stérilisations féminines », notent les auteurs du rapport.

Cette situation résulte de la hausse constante du nombre de vasectomies et du recul de la stérilisation féminine (cf. Illustration). 

Illustration - Évolution des stérilisations hommes/femmes en France entre 2010 et 2022 
(Source : extrait du rapport EPI-PHARE
[2])

Nombre d'actes de contraception définitive en France chez les 18-70 ans entre 2010 et 2022, par genre et par année, ratio des stérilisations hommes/femmes, incidence des vasectomies pour 100 000 hommes de 20 à 70 ans (population Insee) par année (en italique).

L'exception française 

La progression de la vasectomie en population française fait figure d'exception dans le monde. En effet, cette pratique tend à décliner, notamment dans les pays anglo-saxons (États-Unis, Royaume-Uni ou Australie) où elle reste néanmoins plus répandue. 

« La France semble progressivement combler son retard, bien que le nombre de procédures demeure encore inférieur à ceux des pays leaders en matière de contraception masculine définitive », concluent les auteurs. 

Quel est le profil des hommes ?

L'analyse des diverses caractéristiques (âge, éléments sociodémographiques) permet de mieux connaître le profil des Français ayant recours à la vasectomie :  

  • ils sont de plus en plus jeunes : 41 ans en 2022 contre 44 ans en 2010. La moyenne d'âge est de 41,7 ans ;
  • une majorité issue de niveaux socioéconomiques favorisés : communes les plus favorisées socialement et taux faible d'affiliés à la C2S (3,4 %) ;
  • une incidence plus forte de vasectomies dans l'ouest de la France : rapporté à la population d’hommes de 20 à 70 ans, les régions Pays de la Loire et Bretagne enregistrent les taux de pratique de la vasectomie les plus élevés sur les treize années étudiées avec respectivement 331,3/100 000 et 271,5/100 000 hommes. À l’inverse, les taux les plus faibles sont enregistrés en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Hauts-de-France, Corse et en Île-de-France (respectivement 130,4/100 000, 127,4/100 000, 59,2/100 000 et 58/100 000).

De rares complications locales

L'étude permet également d'apprécier le profil de sécurité de la vasectomie : 

  • recours modéré aux antalgiques dans l’année postvasectomie : si on exclut les hommes qui avaient déjà recours à ces antalgiques dans les 12 mois avant la vasectomie, seuls 3,4 % ont eu une utilisation incidente d’antalgiques oraux dans la période suivant le trimestre postopératoire ;
  • un taux de complications locales détectables dans le SNDS de 1 % dans l’année postvasectomie (0,2 % de complications type hématome local, 0,4 % d’infections locales, 0,2 % de kystes ou d’hydrocèles). Les reprises chirurgicales étaient quasi exceptionnelles.

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