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Alcoolisme : identification par l’Inserm d’une "protéine de la dépendance"

Une équipe de l’Inserm vient d’obtenir des résultats "prometteurs" sur la dépendance alcoolique de rats.
L’alcool est une substance fortement addictive, ce qui rend difficile le sevrage et son maintien.  Cependant plusieurs pistes  d’amélioration sont explorées actuellement par les chercheurs : une équipe de l’Inserm vient d’obtenir des résultats "prometteurs" sur des rats dépendants avec une nouvelle molécule ciblant A2A, un récepteur cérébral.
29 janvier 2013 25 septembre 2013 Image d'une montre3 minutes icon Ajouter un commentaire
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L'alcoolo-dépendance, un fléau de santé publique (iStockphoto / Thinkstock)

L'alcoolo-dépendance, un fléau de santé publique (iStockphoto / Thinkstock)


Une protéine de la dépendance dans le circuit cérébral de la récompense

Le système cérébral de la récompense a un rôle important dans la vie de tous les jours, puisqu'il intervient sur la motivation à travailler, manger, se faire plaisir, etc. Il est stimulé intensément par l'alcool et par d'autres substances (opiacés, nicotine…) ou situations, comme le jeu. Ces substances ou comportements peuvent, notamment en cas d'abus, modifier profondément  et durablement le fonctionnement du circuit et conduire à la survenue une dépendance plus ou moins forte.

Depuis plusieurs années, des chercheurs tentent de trouver un moyen de corriger ce dysfonctionnement acquis, ce qui permettrait de lever la dépendance sans passer par un sevrage complet, difficile à maintenir sur le long terme.

Une équipe de l'Inserm de l'université de Picardie Jules Vernes (Amiens) a peut-être trouvé une solution : ils ont identifié une nouvelle molécule qui "cible les récepteurs d'un puissant neuromodulateur présent dans le cerveau : l'adénosine", selon un communiqué publié le 28 janvier. "Ce récepteur, A2A, est une protéine très exprimée dans le circuit de la récompense qui incite et motive une personne à faire une action » explique Mickaël Naassila, co-auteur des travaux. Il s'agirait donc d'une sorte de "protéine de la dépendance".

Une réduction de 75 % de la consommation d'alcool de rats dépendants

En ciblant la protéine-récepteur de l'adénosine avec une molécule agoniste (c'est-à-dire capable de l'activer), les chercheurs espèrent diminuer les perturbations du circuit de la récompense et donc la dépendance aux boissons alcoolisées. Ils ont donc administré cet agoniste, appelé pour le moment CGS 21680, à des rats rendus fortement dépendants à l'alcool et à des rats non dépendants.

Après plusieurs essais pour déterminer la dose minimale efficace, Ilsont obtenu des résultats spectaculaires, avec une chute de 75 % de l'ingestion volontaire d'alcool chez les rats dépendants, "sans effet indésirable majeur", précise le communiqué.

Plusieurs études avaient déjà démontré qu'il était possible de réduire l'envie de boire d'un rongeur avec cette molécule, mais "cette fois, nous prouvons que la stratégie est efficace chez des rats fortement dépendants à l'alcool", se réjouit Mickaël Naassila.

Une découverte intéressante, mais à confirmer par des essais cliniques

Ces résultats confirment donc que les chercheurs ont bien identifié, chez l'animal, une nouvelle cible et une molécule intéressante pour le traitement de l'alcoolo-dépendance, condition pathologique qui affecte la vie de centaines de milliers de Français et de leur entourage.

Mais il ne s'agit pour le moment que d'une étude réalisée avec des rats, donc rien ne dit, même si son principe est séduisant, que les mêmes résultats seront obtenus chez l'homme. De plus, intervenir sur ce circuit de la récompense modifie peut-être en parallèle la motivation pour d'autres actes essentiels de la vie. Des études sont donc nécessaires pour évaluer la spécificité de cette action vis-à-vis de l'alcool, sa tolérance, son efficacité au lon cours, etc.

Les chercheurs espèrent en tout cas que cette découverte va intéresser des industriels, ce qui pourrait alors enclencher des études encadrées et aboutir, si les résultats sont positifs, à la mise au point d'une nouvelle possibilité thérapeutique.

Jean-Philippe Rivière

Sources :
- "Une nouvelle cible prometteuse contre l'alcoolo-dépendance", communiqué de l'Inserm, 28 janvier 2013
- "The adenosine A2A receptor agonist CGS 21680 decreases ethanol self-administration in both non-dependent and dependent animals", Addiction biolology, 10 janvier 2013, résumé accessible en ligne (en anglais)
Sources

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